Il s’opère parfois des mélange assez particuliers dans le domaine du jeu vidéo. Mélange de genres, de styles, de narrations, de visions… Parfois, cela fonctionne. D’autres, nous parlons de catastrophes. Pour autant, le simple fait d’essayer est souvent appréciable en soi. Ici, nous avons une petite surprise, car avec Yurukill : The Calumniation Games, nous avons ET un essai ET une réussite. Et c’est assez rare pour le souligner !


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !


Scénario

Peut-on pardonner des tueurs ?

Le titre ne fait pas dans la demi-mesure et plonge le joueur dans son univers aussi brutalement que confusément. Nous sommes alors dans la peau du protagoniste principal, Sengoku, qui se réveille seul dans une cellule pour le moins étrange.

Très rapidement, d’autres prisonniers se manifestent et l’on constate très vite que l’on se trouve dans une prison. Une prison d’un genre un peu spécial, cela dit. Ce n’est que lorsque la maîtresse de cérémonie, une certaine Binko, vient se présenter que l’on commence à comprendre les premiers bouts d’histoire du jeu.

Pour faire simple, le gouvernement à semble-t-il donné son accord pour faire jouer à certains prisonniers très précis un genre de jeu macabre dans un parc à thème. Tous les candidats sont donc des condamnés (avec un record à 999 ans de prison) et se retrouvent, de force, à devoir prendre part à ce qui se dresse devant eux. Petite spécificité, à chaque prisonnier est attribué un exécuteur. Comprenez par là un autre personnage avec lequel le condamné va former un binôme. Toutefois, leur nom est bien trouvé, puisque d’une simple pression sur un bouton, ces exécuteurs peuvent tuer dans la seconde leur nouveau partenaire. De quoi rajouter un peu de piment.

Cinq groupes sont donc mandatés pour faire le tour du parc d’attraction funeste et devront, à chaque étape, résoudre des énigmes et découvrir de nouveaux secrets au fur et à mesure de leur progression. Au fil du temps, les relations évoluent, et bien sûr, de nouveaux secrets encore plus macabres viendront perturber les équilibres de confiance.

Il est d’ailleurs plaisant de découvrir les scénarii des autres personnages et des relations qu’ils entretiennent avec leurs exécuteurs. Le tout est bien amené et les nombreux dialogues prennent le temps de poser les ambiances et les caractères.

Dans sa partie « visual-novel », Yurukill nous surprend avec une écriture soignée et un scénario mature qui donne sans cesse envie de voir la suite. Les thématiques abordées sont nombreuses, et c’est vraiment intéressant de traiter les sujets de pardon, de meurtre et de justice dans un contexte si tendu. J’y ai beaucoup ressenti une ambiance à la Danganronpa sans les procès.

À noter que le jeu est entièrement traduit en français, et que si l’on peut encore détecter deux/trois petits soucis sans gravité, le soin apporté à l’écriture est vraiment appréciable.

Mécaniques

Shoot’em Novel !

Non, je ne me suis pas trompé d’images d’illustrations, vous ne rêvez pas. Car le mélange particulier que j’évoquais dans l’introduction de cette critique parle bien de cela. Yurukill : The Calumniation Games est un visual-novel ET un shoot’em up. Et ça, je parie que vous ne ‘laviez pas vu venir (enfin, si vous ne connaissez pas le jeu, surtout).

Voilà donc le déroulé principal du jeu : alterner entre des phases de dialogues et d’enquête et des séquences de schmup à l’ancienne. Certes déroutant aux premiers abords (surtout qu’il ne faut pas vraiment être pressé, puisque il faut nécessairement avancer dans le scénario pour « jouer »), je dois bien avouer que ce ménage m’a surpris et apporte une bonne dose d’action qui rééquilibre des séquences de dialogues assez lourdes (visual-novel, en même temps).

Il y a donc un côté chaud/froid qui a fonctionné sur moi et qui m’a incité à poursuivre l’aventure. C’est pour cela qu’il faut mettre un warning pour les curieux : si vous cherchez un shoot’em up, et uniquement cela, alors fuyez Yurukill. Il faut d’abord aimer les visual-novel AVANT d’aimer les schmups. Par contre, si vous répondez bien à cette proposition certes étonnante mais efficace, alors vous passerez un excellent moment.

Le gameplay reste intéressant, même si je pense que les habitués du genre trouveront cette mécanique un peu faiblarde (normal, en même temps, il n’est pas pensé pour). On retrouve donc les commandes habituelles, les tirs de vaisseaux, les bonus, etc. Avec un petit « effet burst » sur une jauge à surveiller qui se remplit au fil des victimes et qui autorise des tirs plus puissants ou un bouclier.

Cela ne casse pas trois pattes à un canard, mais l’effet est bien là. À dire vrai, après une séquence d’enquête un peu lente et très textuelles, je suppose que même une feuille qui tombe ferait l’effet d’une scène d’action. Du coup, on peut dire que le rythme est bien dosé.

Il est d’ailleurs possible de rejouer aux niveaux déjà faits dans d’autres modes de jeux, et ça c’est très sympa, car cela permet d’alterner entre les moments intrigues et les moments de fun un peu à la volée. C’est dans le même esprit que ce qu’avais proposé 13 Sentinels : Aegis Rim qui alternait également deux phases de gameplay très distinctes.

Pour le reste, les phases d’énigmes restent également dans un certains classicisme, à la différence que le jeu vous autorise des indices si vous vous retrouvez bloqué. Et si les phases de shoot vous effraient, vous pouvez passez le jeu en mode facile pour avoir le plaisir du jeu, sans le stress de la difficulté. Agréable !

Direction Artistique

En ce qui concerne la direction artistique, on peut dire que le titre surprend une fois de plus. Entre la patte visuelle mélangeant le style émacié et fin des personnages et un look oscillant entre le gothique et le loufoque : on est dedans ! On embarque très vite dans cette proposition un peu folle mais très bien amenée qui propose un coup du très coloré, un coup du terne. C’est variant, ça attire l’œil et c’est visuellement très convaincant.

Dans la lignée, l’OST sublime le tout et les thèmes choisit renforce l’immersion dans l’univers. Bref, c’est de l’excellent travail et cela mérite d’être soulignée.

Conclusion

Yurukill : The Calumniation Games est une surprise totale. Moi qui pensait tomber sur un visual assez classique et tout ce que les codes du genre peuvent apporter, je me suis retrouvé emporté dans une aventure psychologique sur fond de shoot’em up nerveux et immersif. Un scénario rondement bien écrit, une direction artistique qui séduit et décrit un univers barré mais très crédible et des personnages impactant… Il ne m’en fallait pas plus, cela fait longtemps que je n’avais pas pris mon pied sur un visual-novel, et je suis heureux d’avoir pu découvrir Yurukill qui, désormais, est une licence qui s’est mise à clignoter sur mon radar. Bravo à l’équipe !

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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