Petite surprise annoncée il y a peu, Harvestella se veut être un mélange entre une aventure à la sauce J-RPG et un jeu de ferme à la Harvest Moon. Si en ce moment, Square Enix semble voguer toute voile dehors sur l’océan des essais, on sait aussi que cette récente politique propose du bon, et aussi du moins bon. Dans quelle catégorie se place donc Harvestella ?


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !


Scénario

Entre prophétie et labourage !

Harvestella vous place dans la peau d’un avatar qui, conformément aux codes ancestraux du J-RPG, est amnésique. De fait, celui-ci ne se souvient de rien après être resté en extérieur durant le Quietus. Cet événement, qui se produit de façon régulière, est une véritable malédiction, un poison dont il faut absolument se protéger.

Survivre à un Quietus, voilà qui est étonnant. C’est pour cela que lorsque le médecin d’un petit village tombe sur nous par hasard, celui-ci décide de s’occuper de nous et de nous aider.

Pour ce faire, et pour participer à la vie du village, notre héros (ou héroïne, ou non-binaire), va se voir offrir un bout de terre avec une habitation. Dès lors, il sera question de mener une vie de ferme tout en essayant d’enquêter sur son passé et d’en découvrir plus sur ce fameux Quietus.

Disons-le tout de suite, Harvestella ne brille pas vraiment par son scénario. Les séquences de dialogues manquent beaucoup de relief et souffrent d’un manque de dynamisme. Le jeu ne semble jamais vraiment savoir de quel côté il doit se tourner.

Est-ce le farming-game ? Avec de nombreux personnages secondaires, des dialogues réguliers et offrant de la nouveautés au fil des jours. Ou au RPG fantasy ? Avec une trame de fond riche et un développement de personnage moins conséquent, mais plus efficace ?

À la vérité, Harvestella ne fait correctement aucune des deux approches. En ressort un scénario plutôt plat, dont les ficelles scénaristiques se voient à des kilomètres et peinent à nous embarquer pleinement. Dommage pour un jeu qui proposait de mélanger le meilleur de ces deux mondes. Mais n’est pas Rune Factory qui veut (ou Harvest Moon).

Mécaniques

À courir trop de lièvres…

Mécaniquement, Harvestella propose plusieurs éléments qui étoffent la proposition de base. Bien sûr, vous avez deux éléments fondamentaux, à savoir les cultures de légumes et les combats typés action. Votre objectif premier sera donc d’alterner des phases de combats dans des environnements extérieurs et les séquences ou vous menez votre petite exploitation fermière.

Le jeu prend d’ailleurs tout son temps pour vous présenter les différentes mécaniques. Au final, vous ne démarrerez vraiment la « boucle de gameplay » principale qu’au bout de plusieurs heures de jeu. Personnellement, je suis partisan des tutos qui sont conçus en bonne intelligence. Malheureusement, ici, le jeu nous prend un peu trop par la main, quitte à en devenir un peu frustrant.

Il faudra également penser à discuter souvent avec les villageois et à répondre à leurs exigences pour développer de quoi améliorer encore votre ferme ou obtenir de nouveau équipement de combat. En somme, vous plantez tout ce que vous pouvez, et tout ce qui est introuvable au village le sera dans les zones extérieures ou vous devrez combattre.

Votre progression se fera donc dans cet ordre : exploration, plantation, récolte, avancée, et ainsi de suite. Et même si les séquences proposées sont plutôt variées (entre la ferme, la cuisine, le combat, les classes, l’exploration, etc.), il en ressort quand même une sensation de platitude générale.

Les combats manquent en effet de profondeur, malgré de bonnes tentatives de rendre le tout dynamique et varié. Toutefois, comme vous vous en doutez, vous battre composera une très grande partie de votre temps de jeu, il ne sera donc pas étonnant que vous trouviez une certaine redondance lors de vos sessions.

La vie de ferme n’est pas beaucoup plus palpitante. Pour être plus précis, je ne vois pas vraiment en quoi craquer pour Harvestella vous fera passer un meilleur moment qu’un Stardew Valley ou un Rune Factory… En cela que le jeu propose de réelles bonnes choses avec une réelle intention derrière, mais ne parvient pas à solidifier l’expérience de jeu en un tout cohérent.

Nous avons donc un jeu qui, sur le papier, fait le boulot, mais avec tout de même pas mal de petits travers dans lesquels il s’empêtre. Plutôt décevant.

Direction Artistique

Comme beaucoup de jeux récents de Square, je trouve en Harvestella une continuité de la « Bravely Defaultisation » en terme de direction artistique. Cela sous-entend des personnages aux traits plutôt simples, voire minimalistes par moments, mais qui conserve un charme certaine, pour ne pas dire un certain charme.

Les illustrations des personnages possèdent vraiment un style séduisant, et certains panoramas valent vraiment le détour, tant les jeux de lumières sont bien travaillés. Il est juste dommage que ces paysages soient trop peu nombreux au cours de l’aventure.

La bande originale fait également bien son œuvre, malgré le fait qu’aucun thème vraiment fort ne se dégage du jeu pour moi. Mais ne boudons pas notre plaisir, les pistes sont de bonnes qualités et accompagnent très bien les différentes sessions de jeu.

Conclusion

Harvestella est force de proposition et, en cela, il porte avec lui une vision de Square Enix qui, je l’espère va se développer à l’avenir. Mais en attendant que cette vision se réalise, il faut bien admettre que le titre est assez décevant. Empruntant la bonne direction, mais pas vraiment avec l’intensité qui devrait être de mise, le tout est plutôt mou et ne creuse pas jusqu’au bout des mécaniques qu’il propose. Les combats sont relativement simples et manquent de profondeur, la vie de ferme propose trop peu pour que cela soit pertinent (Stardew Valley et Harvest Moon, pour ne citer qu’eux, sont passés par là et ont améliorés ces concepts depuis de nombreuses années déjà). En bref, il n’est pas certain que Harvestella vous séduise. Sauf peut-être à assouvir une certaine curiosité. Y’en a qui ont essayé…

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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