Lanfeust de Troy, c’était pour moi la bande dessinée que mes amis et moi lisions au collège dans les salles du CDI. Quelle ne fut pas ma surprise de voir que cet univers si riche et étoffé se matérialise aujourd’hui sous les traits d’un jeu de plateau, façon « Roll and explore ». Et devinez quoi ? Eh bien il vaut le détour !
Cette critique a été réalisée à partir d’un exemplaire offert par Gigamic !
Une aventure coopérative !
Le jeu propose de vous lancer dans le monde de Troy en y vivant diverses aventures scénarisées, au sein desquelles il faudra combattre, explorer, et vous adapter à des événements aléatoires dans le but de remporter la partie. Pour cela, un mode tutoriel est présent, et permet de se familiariser rapidement et efficacement avec les règles du jeu.
Ce qui est plaisant, de prime abord, c’est la façon dont le jeu met en scène ses scénarios. En effet, chaque joueur possède une carte de personnage ainsi qu’un plateau central qui représente la zone dans laquelle vous êtes.
Avant de commencer, vous placez tous ces éléments à l’intérieur de feuille plastique, sur lesquelles il est possible d’écrire (à l’aide de crayons gras colorés fournis). Cela signifie que dès que vous voudrez changer un élément sur votre fiche de personnage ou quadriller des zones sur le plateau central, il faudra écrire/dessiner directement sur ces éléments.
Pour ma part, si j’ai fréquemment vu des jeux à base de collage de stickers et autres autocollants à même les plateaux, je dois bien avouer qu’ici, il s’agissait d’une première. Cette idée, simple mais efficace, donne une grande liberté aux joueurs, puisque les déplacements des personnages sont directement soumis à vos coups de crayons.
Le principe est donc simple : il faut guider vos personnages, en vous alliant, au travers des chapitres du jeu, en un nombre de tours limités.
C’est là qu’intervient une autre mécanique phare du titre : les dés. En effet, il y a un « micro-jeu » dans le jeu qui s’apparente fortement à Tetris. Les dés que vous lancerez pourront prendre des formes diverses, qui désigneront les cases sur lesquelles votre personnage peut se déplacer. Dés, papiers, stylos !
Parfois, il sera plus judicieux de foncer en ligne droite pour atteindre la sortie, et d’autres fois, il faudra savoir prendre des risques pour bifurquer et pourquoi pas tomber sur des trésors plus rares… Ou des monstres plus forts ! Afin de palier ces éventualités, vos personnages pourront monter de niveau et acquérir de nouvelles techniques de combat.
À la fin d’une manche, le personnage ayant le plus de points d’expérience l’emporte. Mais même si l’on désigne un gagnant, l’aventure est principalement coopérative.
Et d’aventures, en aventures…
Tout d’abord, il va falloir choisir un personnage. Cela revêt une certaine importance puisque tous n’ont pas forcément les mêmes compétences (ou alors pas aussi développées). Ainsi, certains seront plus à l’aise pour crocheter des serrures alors que d’autres seront plus à même d’utiliser la force brute pour passer un obstacle.
Personnage choisit et fusain en main, on peut y aller. Lors d’une partie, vous allez passer par quatre phases obligatoires :
- Phase 1 : déterminer une case de passage
Cette étape vous impose d’annoncer une case sur laquelle vous aller forcément devoir passer. Ce choix est soumis à des règles précises, car vous ne pouvez pas d’entrée de jeu vous rendre à l’autre bout du plateau.
- Phase 2 : lancer les dés
Durant cette étape, vous prenez les quatre dés du jeu et les lancez. Vous avez droit à trois lancers, et à l’issue de chaque, vous choisissez ceux que vous désirez gardez et ceux que vous souhaitez relancer. L’objectif ici est d’utiliser le feuillet à votre disposition pour créer une forme façon Tetris (un « T » ou un « L » par exemple).
- Phase 3 : explorer
La forme que vous aurez créée avec vos dés sera votre zone d’exploration. À cet instant, vous devez la dessiner sur le plateau de jeu ; cela correspond à la zone que votre personnage explore. Si ladite zone contient des trésors ou des ennemis, alors il faudra résoudre ces événements par le biais de cartes associées.
- Phase 4 : cocher la case de fin de tour
Là, vous cocher une case qui signe la fin d’un tour de jeu. Les aventures doivent se faire en un laps de temps limités, vous n’aurez pas forcément le loisir de tout explorer, car parfois, le temps jouera contre vous. Il faudra donc faire des choix.
Ensuite, c’est aux autres joueurs de répéter ces phases. Fort heureusement, ils ne partent pas de zéro comme le premier joueur. En effet, le deuxième joueur pourra s’appuyer sur l’exploration du premier et s’en servir de base à sa propre exploration. C’est ainsi que l’on avance petit à petit au travers des zones de jeu.
Tout au long des lancers de dés et des cartes que vous tirez en fonction des situations, votre personnage gagnera des points d’expériences. Ceux-ci sont important, puisqu’il permettront de faire monter vos héros de niveau, et ainsi acquérir de nouvelles compétences. Ce faisant, les situations que vous rencontrerez vous seront plus ou moins simples à résoudre selon les cas.
Ce n’est pas leur seul usage ; car une fois arrivé au bout du scénario s’effectue le décompte de ces points. Celui ou celle qui en a le plus remporte techniquement la partie, même si cela est plus symbolique qu’autre chose.
Ce premier chapitre de Lanfeust de Troy emprunte des codes et des choix de game-design auprès d’autres genres de médium, et le fait fort bien. Nous avons donc là un mix plutôt bien équilibré entre le jeu de rôle sur table et le jeu de plateau. En effet, les mécaniques de jeux établies par Nathalie et Rémi Saunier fonctionnement plus que bien, et apportent un bon compromis entre JdR et jeu de société. De plus, les choix de progression, alternant entre lancers de dés et gestion de fiche de personnage fonctionnent bien et permet de toujours dynamiser les tours de jeu. Une belle surprise, en somme !
