Durant cette critique, j’ai appris que Monochrome Mobius : Rights and Wrongs Forgotten était déjà sorti il y a quelques temps sur PC. Étant complètement passé à côté, je me disais qu’il s’agissait là d’une énième sortie JRPGesque de Nis qui sort des jeux comme s’il en pleuvait, avec une qualité globale pas toujours au rendez-vous. Ce coup-ci, j’ai été plus que surpris de mettre les mains sur un titre bien fichu, aux saveurs particulières et avec une écriture soignée.
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
Cela reste en famille !
Monochrome Mobius nous place dans la peau d’Oshtor, un jeune bretteur qui vit dans le petit village d’Ennakamuy, avec sa mère et sa sœur. Coulant des jours plutôt paisibles, celui-ci va voir son quotidien basculer lorsqu’il fera la rencontre de la mystérieuse Shunya.
Cette jeune femme déclare être la sœur d’Oshtor, et sait où se trouve leur père, qui en réalité ne serait pas mort comme le pensait notre héros depuis toutes ces années. Ni une, ni deux, les deux compagnons s’associent et partent en quête d’un royaume perdu légendaire afin de découvrir ce qui se trame derrière toute cette histoire.
Comme souvent dans ce genre de titre, les premières heures sont propices aux dialogues un peu confus, à la mise en place des éléments déclencheurs à l’histoire et aux rencontres forcées par la chance. Mais passé ce « départ convenu », on se rend vite compte que Monochrome Mobius a une vraie proposition à offrir.
Possédant une écriture soignée et des dialogues qui font quasiment toujours mouches, j’ai été assez surpris de me sentir accroché par le scénario, là où dans d’autres titres de Nis un peu léger, je décroche assez vite car trop peu intéressant.
Il y a principalement deux choses qui fonctionnent dans l’écriture : il s’agit des personnages et de l’univers dans lequel le titre prend place. Les personnages, s’ils sont quasiment tous basés sur des archétypes convenus (le courageux et stoïque, la fofolle enfantine, etc.), possèdent néanmoins des personnalités intéressantes, attachantes et avec de vraies objectifs.
L’univers, lui, est également accrocheur, même si, vous verrez plus bas, la qualité techniques de certaines zones et certaines faiblesses dans la DA ne rendent pas forcément toujours honneur à la richesse de l’univers du jeu.
Seul bémol, plutôt de taille : le titre est intégralement en anglais. Bon, si vous êtes habitués des J-RPG de niche comme ceux que proposent Nis, vous ne serez pas forcément dépaysés. Mais pour les curieux et curieuses qui souhaitent s’y aventurer : tenez-vous le pour dit !
Le seigneur des anneaux !
En termes de mécaniques, Monochrome Mobius ne révolutionne pas grand chose, si ce n’est une tentative plutôt intelligente de revoir le système de combat au tour-par-tour.
Durant les rixes, plusieurs anneaux se trouvent en haut à gauche de l’écran, et ceux-ci représentent l’ordre d’action des personnages comme des ennemis. Lorsqu’une icône (héros ou adversaire) fait un tour complet d’anneau, il peut alors agir.
La subtilité vient du fait que lesdits anneaux sont imbriqués les uns dans les autres, allant du plus grand au plus petit. Pour le dire autrement, il vous faudra trouver le moyen de passer d’un anneau à l’autre pour réduire le temps d’attente et vous permettre d’agir plus vite. Pour cela, il faudra effectuer des actions spéciales, comme assommer vos adversaires ou déclencher un équivalent « d’overdrive » (nommée ici « overzeal ») qui décuple la puissance de vos héros.
Mais attention, car les ennemis peuvent également bénéficier de ce principe de gameplay. De fait, cette mécanique plutôt simple en apparence rehausse en réalité la saveur des combats. Il ne suffit plus forcément de tambouriner comme un dingue, mais diversifier ses actions en fonction de la situation. C’est plutôt bienvenu et j’ai beaucoup apprécié cet aspect.
En revanche, je ne serai pas aussi enthousiaste sur le reste des mécaniques du jeu. Car si une grande partie du jeu est dédiée aux combats, et se voit plutôt réussie, les autres parties, à savoir l’exploration, la gestion et la traversée de donjons est plutôt inégale.
Les zones proposées alternent en taille, certaines étant très petites, d’autres beaucoup plus grandes, voire nécessitant des montures pour être franchies. Et là, le jeu souffle le chaud et le froid. Tantôt il y a de l’intelligence dans la progression et c’est un plaisir de crapahuter. Tantôt les zones restent très couloirs, avec peu d’embranchements et demeurent assez fades. On ne peut pas tout avoir.
Ici, il est important d’apporter une précision. Je qualifie les jeux similaires à Monochrome Mobius de « JRPG AA (double A) » et cette précision a pour moi une importance… Importante. A savoir que le titre n’a ni le budget, ni les équipes des grosses productions que nous pouvons voir habituellement ici et là.
Et cela se voit, notamment au regard de certaines zones (notamment les plus grandes) qui semblent parfois assez fades et qui contrastent avec des villes ou donjons plus fermés mais plus qualitatifs. Certains PNJ sont également assez statiques et « plaqués », ce qui contraste également avec le décor. Bref, les inégalités se remarquent.
Mais au-delà de tout ça, le titre propose une patte artistique qui est vraiment agréable à l’œil et qui propose un univers aguicheur qui donne envie d’en voir plus, même si quelques impairs demeurent çà et là.
Globalement, le titre parvient à propose un travail de qualité et, que cela soit dans sa bande-son et dans la direction artistique qu’il propose, le tout fonctionne très bien et se trouve quand même au dessus des standards de l’éditeur.
En conclusion, Monochrome Mobius : Rights and Wrongs Forgotten est une surprise que je n’avais pas vraiment vu venir et qui m’a plutôt convaincu. Nous sommes ici sur un travail de qualité, et Nis ne devrait pas se retenir de proposer une qualité similaire sur l’ensemble de ses titres pour la suite. Une écriture soignée, une direction artistique aguicheuse et une mécanique de combat faisant la part belle à l’aspect tactique : nous avons là les codes d’un bon jeu qui, malgré quelques impairs, parvient à se démarquer. En revanche, l’absence de traduction française pourra en rebuter certaines. Soyez sûr(e) de là où vous mettez les pieds si vous êtes intrigués par le jeu.