Très souvent, je traite de jeux et je rédige des critiques sur des titres assez grand public et aux thématiques diverses. Cette fois-ci, c’est d’une aventure plus personnelle et plus intimiste dont je souhaiterai parler, qui prend comme sujet ce que l’on nomme les TSA (Troubles du Spectre Autistique). C’est touchant, c’est osé, c’est peu commun : c’est un petit projet que j’avais envie de mettre en avant. Certes petit, mais touchant. Après-tout, c’est bien à cela que sert d’avoir un blog personnel, non ?


Scénario

Un récit intimiste !

Avant d’entrer dans le vif du sujet, portons à votre attention que 4 Alice Magical Autistic Girls est un visual-novel (un roman visuel). Vous comprenez donc que tout l’intérêt de ce genre de titre est de lire un roman. Il n’y a donc pas de « Gameplay » dans le sens conventionnel du terme. C’est pour cette raison qu’il n’y aura pas l’habituelle section « Mécaniques » qui suit la section « Scénario ». Ceci étant dit, penchons-nous sur le jeu.

Nous suivons donc une jeune lycéenne québécoise de 16 ans, Alice Lorange, qui vit dans la ville de Six-Luménial. Alice n’est pas tout à fait comme les autres. EN effet, elle a du mal à se faire comprendre des autres. Elle a du mal à s’exprimer devant les autres. Tout en elle crie « Danger » lorsqu’une situation sociale apparaît. Les « Autres » sont effrayant pour elle (le A majuscule est important). Alice souffre de TSA (Trouble du Spectre Autistique). Pour cette raison, ses relations sociales sont complexes, surtout face à un environnement qui n’est pas forcément habitué ou bienveillant envers ces sujets-là.

La développeuse du jeu est également atteinte de TSA, et c’est une invitation à l’empathie qu’elle nous propose ici, mais pas que, car le jeu réserve sont lot d’aventure et de péripéties. Perdue entre l’aspect social et les difficultés à gérer ses émotions, Alice va voir sa vie basculer une nuit, à la suite d’un cauchemar, lorsqu’elle va se retrouver enfermée dans une étrange maison qui semble figée dans le temps. Autre élément troublant, 3 autres « Alice » vivent également dans cette maison. Il va donc falloir démêler tout ceci et comprendre ce qui se passe.

Pour seule aide, nos « Alice » gagneront un pouvoir bien utile, celui de se transformer en magical girls. Changer d’apparence et gagner des pouvoirs élémentaires revêt donc un symbole tout particulier dans ce contexte-ci. Pour autant, je tiens à clarifier une chose qui m’a surpris. Aux premiers abords, il serait tentant de penser que le titre est réservé à de jeunes joueurs, et qu’on pourrait facilement l’aborder comme un « serious-game ». Il n’en est rien, et certains passages de ce roman sont assez sombres, violents et sanglants pour se voir réservés à un public ado/adulte. Soyez averti !

Ceci étant dit, venons en aux faits : que vaut l’écriture de ce 4 Alice Magical Autistic Girls ? L’écriture est assurément un point fort du jeu, ce qui est toujours rassurant dans un visual novel. La narration se fait à la première personne (celle d’Alice Lorange), et précisons que le tout est doublé (en français s’il vous plaît). Tout au long du jeu, c’est la très talentueuse Chloé Guerin qui apporte son timbre et qui le fait remarquablement bien. Le tout fait corps et donne une crédibilité à l’ensemble qui donne envie d’en voir plus.

Direction Artistique

La direction artistique a valeur de prudence dans ce cas-ci. Comme je le précisai plus haut, il est très facile aux premiers abords de juger trop hâtivement le titre et de le condamner tout aussi promptement. En cause, il est vrai que les illustrations du jeu et plus généralement l’enrobage visuel dans son ensemble peuvent laisser penser à un jeu plutôt axé pour les plus jeunes.

Hors, c’est un piège dans lequel il ne faut pas tomber, puisque l’écriture se veut plutôt adulte et mature. Il y a donc un décalage de style entre la représentation visuelle et le propos du jeu. Ne laissez donc pas vos a priori sur l’univers des Magical Girls vous troubler, car ce genre n’est pas réservé qu’aux plus petits, mais peut également se transcrire à un public plus averti. Mais globalement, si vous savez où vous mettez les pieds, il n’y aura aucun problème. Juste, ne prenez pas le jeu pour enfantin à cause de ses graphismes.

L’aspect sonore possède lui aussi quelques faiblesses, mais la prestation du doublage efface très vite ces petites lacunes pas bien méchantes et on se laisse embarquer très vite par le scénario.

Conclusion

Pour finir, que dire de 4 Alice Magical Autistic Girls ? Dans les faits, nous avons là une œuvre qui se veut un brin maladroite dans son exécution (je parle du plan purement technique). De plus, on sent encore une hésitation entre vouloir donner un message mature ou plus adolescent. Ceci étant dit, le genre du visual-novel existe pour narrer et faire vivre des histoires, et c’est ici un jeu poignant avec une vraie force que nous propose sa développeuse. Le message est fort et très touchant. On ne peut qu’éprouver de l’empathie envers les héroïnes du titre et les épreuves qu’elles traversent. C’est également très militant de traiter le sujet du spectre autistique, qui est encore trop rare (inexistant même) dans le jeu vidéo. Bref, le tout reste cohérent dans son message et l’intention derrière cette œuvre est louable. Ce type d’initiative est à saluer et à mettre en avant, alors bravo à Mia Blais-Côté, qui nous livre ici un titre solide.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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