Un très gros morceau que de s’attaquer à la critique de celui qui s’impose déjà comme un mastodonte de cette année 2020. Lorsque Naughty Dog s’affaire à préparer une suite à l’une de ses licences phares, il n’y va pas avec le dos de la cuillère. Des années de conception, de travail, des leaks majeurs avant la sortie et avec plus de 2.000 personnes impliquées dans le projet (malheureusement souvent avec les conditions de travail détestables qui vont avec), le message est clair : c’est du lourd qui nous est livré ici, en témoigne également la vive polémique engendrée par le jeu dès sa sortie. L’occasion pour moi de revenir à tête reposé sur les atouts et les faiblesses de cet opus très particulier.

Une technique de haute volée !

Commençons par le commencement. The Last of Us Part II, dans la digne lignée de son aîné, est un jeu qui se veut être narratif avant tout autre chose. Ne venez pas chercher ici une innovation de gameplay, une transcendance d’un genre ou que sais-je : ici, nous sommes majoritairement les spectateurs d’une histoire entrecoupées de scènes nous plaçant acteurs. Le cœur du gameplay reprend d’ailleurs les mêmes codes que le premier opus. À savoir un jeu de tir à la troisième personne, proposant des petites formules de craft et jouant entre les phases d’explorations/fouilles de zones et les phases combats/survie dans une ambiance très survival-horror.

Crevons l’abcès tout de suite. Si en effet le titre ne réinvente pas l’eau chaude, il se place comme un une de ces œuvres qui a très bien compris dans quel cercle elle évoluait et qui utilise les codes du médium JV avec brio et intelligence. Le maître-mot ici est l’immersion.

Le premier détail qui « intrigue » et qui va dans ce sens de l’immersion a tout prix, c’est la manière dont les concepts de diégèse et de mimèsis sont utilisés dans le jeu. Pour rappel, la diégèse est la manière de « raconter » alors que la mimèsis est la façon de « montrer » les choses au joueur. Ces deux concepts sont les piliers de The Last of Us Part II est font parties intégrantes de son ambiance très réussie et de son lore envoûtant. Le scénario qui nous est conté ici est bouleversant, et les images qui viennent appuyer cette histoire renforce encore plus l’impact du jeu.

Tout ou presque, donc, crie au réalisme dans cette suite. De la façon dont on utilise le menu (représenté par le sac à dos d’Ellie) à l’amélioration des armes en passant les « petites » animations de jeu (se coller à un mur, ramasser un objet, etc.) : tout est un appel à l’immersion et à la représentation d’un univers réaliste et tout est fait pour que l’on ne « sorte pas » du jeu. Tout se joue en réel, la pause n’existe pas. Un peu trop réel, peut-être, lorsque certaines situations appellent à l’urgence et que l’on doit compter le temps des animations dans notre stratégie. « Logique ! », me direz-vous, c’est réaliste. Certes, mais lorsque cette recherche d’une mimèsis parfaite « casse » parfois le rythme de certaines séquences, la question peut se poser de savoir si cela est vraiment utile.

Dans tous les cas, ce n’est clairement pas ce détail qui ruine l’expérience de jeu, soyez-en assuré (c’est juste moi qui digresse 😉).  

Le sound-design va également dans ce sens avec des ambiances sonores époustouflantes et une gestion des armes (les sons lorsque l’on recharge par exemple) très satisfaisante. Et ai-je vraiment besoin de parler de la direction artistique et des graphismes ? Bien sûr que le titre est magnifique et somptueux. D’un autre côté, en fin de gen, quel AAA ne l’est pas ? L’ambiance « post-apo » de Seattle a vraiment été travaillée : les environnements sont plus sublimes que jamais. D’ailleurs, un mode photo est disponible, je ne saurai que trop vous conseiller d’en abuser pour capturer vos plus beaux clichés. Un vrai régal.

Narration, quand tu nous tiens !

Passons maintenant à ce qui a fait couler énormément d’encre : le scénario du titre. En effet (et sans rien spoiler), The Last of Us Part II prend certains contre-pieds risqués (dont un majeur). Entendons-nous bien, le jeu ne « surprend » pas vraiment, puisque la plupart des twists scénaristiques sont souvent décelables à des kilomètres. Rien que vous n’ayez déjà vu dans des films ou des séries.

Ce qui marque n’est donc pas l’histoire en elle-même, mais ce que l’on en montre. Ici, il n’est plus question « d’échapper » à la violence, comme dans le premier opus. Ici, on la regarde droit dans les yeux et l’on constate que ça fait très mal. Les choix du studio pourront donc paraître rudes, mais au final, ils sont tous crédibles (surtout le GROS plot-twist de mi-jeu).

The Last of Us Part II prend le parti suivant :

il ne faut pas faire confiance à l’histoire, il faut faire confiance au narrateur !

Nous avions été prévenus, si le premier opus avait pour thème l’espoir, celui-ci aurait celui de la haine et de la violence. Pour autant, et malgré les cruautés auxquelles nous assistons tout au long de l’aventure, rien n’est jamais de la « violence gratuite ». Tout cela se met au service de la narration et dépeint encore mieux ce monde « post-épidémique » brutal où les humains tentent de rebâtir un semblant de civilisation.  Les infectés sont toujours de la partie, bien entendu, mais il s’avèrera très vite que les créatures les plus dangereuses ne sont pas toujours celles que l’on pense. Après-tout, l’homme est un loup pour l’homme.

Il est juste de parler « d’expérience » lorsque l’on parle de The Last of Us Part II. Voyez le jeu comme une proposition. Une proposition de s’immerger dans un scénario sombre et profond, où le manichéisme se prend un solide coup sous la ceinture et où toute l’expertise des artistes de chez Naughty Dog prend place. Et encore, je n’ai pas parlé du jeu des acteurs et des comédiens de doublage qui ont livrés ici une prestation de haute qualité. C’est prenant, fidèle et émotionnellement envoûtant. Chapeau les artistes.

Alors oui, le jeu est absolument fantastique et se place comme un incontournable à part entière. Toutefois (j’en remets une couche), je reprécise qu’un jeu, aussi génial soit-il, ne mérite toutefois pas de dégrader les conditions de travail des salariés en postes (ni de personne, d’ailleurs).

The Last of Us Part II vient donc clôturer cette génération avec brio et propose une expérience fascinante qui démontre une expertise et une maîtrise de la narration. Les mentalités ont changé, les personnages ont grandis et le monde continue sa lente reconstruction : voilà le théâtre qui accueille cette aventure et qui le fait avec brio. Bien entendu, il n’est pas parfait et possède des défauts qui vous sauteront probablement aux yeux, mais ils sont souvent si bénins que cela n’entache en rien l’expérience. Pour le reste, si dans la forme rien ne change vraiment comparé au premier opus, c’est véritablement dans le fond que les enjeux se jouent. Les codes ont été peaufinés, affinés et même sublimés. Il y a du survival, de l’exploration récompensée, de l’action, de l’émotion. Certes, le jeu colle les miquettes, mais le fait bien. Si vous avez aimé le premier, vous adorerez celui-là.


Fiche Technique

Titre : The Last of Us Part II
Genre : Action / Survival
Date de sortie : 19/06/2020
Plateforme : PS4

Editeur : Sony
Développeur : Naughty Dog
PEGI : 18 ans
Prix : 69,99€ en moyenne


Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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