Depuis sa première aventure en 1987, la série Ys de Nihon Falcom a su s’imposer comme une des références du genre Action-RPG. Avec Ys X : Nordics, l’équipe de développement se lance dans une nouvelle direction, en proposant un univers maritime inédit et des mécaniques de gameplay revisitées. Adol Christin, notre héros intrépide, embarque pour une nouvelle aventure qui conjugue exploration, combat et narration dans un cadre nordique. Est-ce un pari gagnant après un neuvième épisode plus urbain et mature ?
Cette critique a été rédigée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
Une odyssée au cœur des Fjords
Ys X : Nordics propulse notre sempiternel Adol Christin et son acolyte Dogi dans la région nordique du golfe d’Obélia, un archipel inspiré des paysages scandinaves. Le cadre offre un mélange de falaises imposantes, de villages portuaires et de vastes étendues marines.
Voguant paisiblement sur un navire de transport, le voyage tourne court lorsque la marine de Balta, un groupe de protecteurs/pirates local, vient mettre la main sur le capitaine du bateau qui était en réalité recherché. Sans navire et sans capitaine pour poursuivre le voyage, Adol se retrouve donc forcé de rester à terre dans ce nouvel environnement.
C’est durant son séjour imposé qu’Adol va faire la connaissance de Karja, une « Normane », et se lier avec elle (de force, pour ainsi dire). Très vite, les choses vont s’emballer et la découverte d’une menace grandissante pour la région va forcer les deux acolytes à prendre la voie des mers pour découvrir les secrets du golfe d’Obélia.
La grande nouveauté du titre réside en effet dans l’importance accordée à la navigation maritime. Adol dispose désormais de son propre bateau, le Sandras, qu’il peut personnaliser au fil de l’aventure. Cette mécanique transforme la progression traditionnelle en une expérience plus ouverte : l’exploration des îles, les combats navals et la gestion du navire deviennent des éléments centraux. On se surprend à passer des heures à naviguer, découvrant des secrets cachés dans les moindres recoins de la carte.
Cependant, cette ambition est parfois freinée par des limitations techniques. Les transitions entre la navigation et les phases terrestres manquent de fluidité, et certains environnements marins sont quand même assez répétitifs. Ces défauts n’entachent pas trop l’expérience globale, mais ils rappellent que l’équilibre entre innovation et tradition n’est pas toujours facile à trouver.
Un système de combat toujours aussi cool !
Le système de combat est l’un des piliers de Ys depuis toujours, et Ys X : Nordics apporte une refonte intéressante. Adol peut alterner entre deux styles : le mode « Solo » pour des attaques rapides et précises, et le mode « Lié », qui permet à Adol et Karja de combattre simultanément. Cette dynamique offre une grande flexibilité, permettant d’adapter sa stratégie face à des ennemis variés.
Les affrontements sont nerveux, comme d’habitude, me direz-vous, avec un accent mis sur les esquives et les parades. Les boss, quant à eux, sont des moments forts du jeu, mêlant patterns complexes et mise en scène spectaculaire. Bon, par contre, ils ne se valent pas tous et certains sont même des purges à combattre. Mais globalement, le tout se tient de façon assez correcte.
Pour ce qui est joutes en mer, je serai plus critique. Oui, la navigation en mer m’a beaucoup plus et voir ce type de gameplay dans un Ys me séduit. Pourtant, si l’exploration est à saluer, les combats navals sont plutôt mal branlés et manquent d’intensité. J’ai vraiment eu cette sensation que Falcom a tenté de reproduire les combats terrestres en mers, ce qui à mon humble avis n’était pas la bonne solution.
Du reste, le jeu souffre d’un léger manque de profondeur dans la personnalisation des personnages et des compétences. Comprenons-nous, la gestion des compétences est semblables aux anciens épisodes, et je trouve que ça fonctionne bien. Mais pour le reste, le studio, là aussi, a tenté quelque chose de nouveau en la mécanique des perles de mana, mais là encore, c’est un ajout très dispensable, même s’il permettra aux plus minutieux de perfectionner à fond les stats d’Adol et Karja. Je me faisais la réflexion qu’il était peut-être temps que la saga se dirige vers quelque chose de plus complexe en ce qui concerne la personnalisation.
Le golfe d’Obélia regorge d’activités annexes : quêtes secondaires, mini-jeux maritimes, chasse aux trésors et collecte de ressources. Ces activités renforcent le sentiment d’immersion, mais leur qualité est inégale. Si certaines quêtes secondaires offrent des histoires touchantes ou des défis intéressants, d’autres se résument à des allers-retours classiques.
En revanche, la personnalisation du Sandras est une réussite. Améliorer le navire, recruter des membres d’équipage et découvrir de nouvelles îles donnent un vrai sentiment de progression. Les interactions avec les habitants des villages portuaires, bien que limitées, ajoutent une touche de vie au monde du jeu.
Falcom est réputé pour ses compositions musicales, et Ys X : Nordics ne fait pas exception. La bande-son oscille entre des morceaux épiques, accompagnant les combats et l’exploration, et des mélodies plus apaisantes, idéales pour les moments de contemplation. Les thèmes marins, en particulier, capturent parfaitement l’ambiance nordique.
Reste l’éternel rappel : à petit studio, petits moyens. Et si sur le plan technique, Ys X : Nordics montre que son moteur commence vraiment à cracher ses tripes, rappelons qu’il est aussi capable de nous embarquer dans des paysages captivants et de nous conter une histoire immersive depuis de nombreuses années.
Ys X : Nordics contient toujours de nombreux clins d’œil aux épisodes précédents (je ne les aient pas tous reconnus, ayant commencé la saga il y a peu avec l’épisode VIII et IX), que les fans de longue date apprécieront. Que ce soit à travers des objets emblématiques, des mentions subtiles ou des mécaniques de gameplay rappelant les origines de la série, le jeu s’adresse clairement à un public fidèle.
En même temps, il reste accessible aux nouveaux venus grâce à son scénario autonome et ses tutoriels bien pensés. Ce mélange d’héritage et d’ouverture est un équilibre délicat que Falcom réussit à maintenir.
Ys X : Nordics est une prise de risque bienvenue dans une série qui n’a jamais hésité à se réinventer, et ça fait franchement plaisir même si tout n’est clairement pas parfait. L’ajout de la navigation maritime et les nouvelles mécaniques de combat apportent un vent de fraîcheur, tandis que l’ambiance nordique et la bande-son renforcent l’immersion. Oui, il souffre de certains défauts, notamment des limitations techniques, une narration parfois inégale et un manque de profondeur dans la personnalisation. Mais ces imperfections n’entachent pas l’expérience globale. Pour les fans de la série comme pour les amateurs d’Action-RPG en quête d’une aventure riche en exploration, Ys X : Nordics reste une recommandation solide. Malgré ses failles, il parvient à redonner le goût de l’exploration et du combat qui ont fait le succès de la saga.