Initié en mars 1997 et toujours en cours de parution, suivant l’ordre des jeux vidéo parus depuis, Pokémon : La Grande Aventure ne se contente pas seulement de réutiliser l’univers éponyme afin de générer du fan-service pur et dur, non. Ici, nous avons droit à une oeuvre annexe qui se permet beaucoup plus de liberté et plus de fantaisie, arborant même des tons plus matures par moments. Faisons le point sur les trois premiers tomes couvrant la période Rouge / Bleu / Jaune des jeux !
Une version, un héros !
Cela sera sans grande surprise durant le premier tome, mais vous suivrez les aventures de… Rouge (Red pour les intimes). Ce dernier vit à Bourg Palette, non loin du laboratoire du Professeur Chen, et connaîtra une saine et franche rivalité avec Bleu, patati et patata. Bref, si vous connaissez déjà l’univers Pokémon et que vous avez attaqué avec les versions Rouge et Bleu pendant votre enfance/adolescence, vous ne serez pas dépaysé durant les premiers chapitres.
Cependant, on se rend très vite compte que les auteurs ont décidé de ne pas suivre le schéma établi par l’anime. En effet, ici, et même si Rouge se lie très vite d’amitié avec un Pikachu capricieux, le manga s’axe beaucoup autour du scénario, bien plus travaillé que les jeux ou l’anime. La Team Rocket, de retour, pour jouer les mauvais tours les plus retors à notre héros prend ici une place prépondérante et le fait à merveille. Ainsi, si le kidnapping, le vol et autres bassesses ne vous étonneront pas, j’ai pour ma part été très surpris de voir qu’ils n’hésitaient pas à « piquer » les Pokémon un peu faible afin de les doper pour qu’ils évoluent plus rapidement.
Les dessins, très représentatif de la « patte Pokémon » respectent cette espèce de « charte graphique » enfantine, tout en incluant certains passages un peu plus « trashouille » qu’on ne connaît pas dans les jeux ou l’anime. Certains combats n’y vont pas par quatre chemins : ce qui doit être exterminé l’est !
C’est sûr, on est pas dans l’Archipel Orange, là !
De fait, le ton général du manga oscille entre humour un peu lourdingue mais sympatoche et le ton un peu plus sérieux de l’intrigue, ou les principaux thèmes abordés sont le rejet, l’esclavage (des Pokémon, bien entendu, l’esclavage humain étant lui un des thèmes de l’Arc Or / Argent, eh oui), ou encore le rôle de l’ego au sein d’un groupe. Tout en sachant conserver ce ton léger, l’Arc Rouge / Bleu / Jaune parvient à nous faire apprécier les différents protagonistes de l’aventure. Si, un peu à la manière de Régis, on peut détester Bleu au début, je peux vous assurer qu’il deviendra, et ce dès le tome 2, un de vos héros favoris. Rouge, quant à lui, s’éveille petit à petit et à la fin de l’Arc, on sent réellement qu’il est sur les traces de sa propre légende, à savoir un dresseur plus que doué qui sort véritablement du lot.
On constate donc une évolution des différents protagonistes et antagonistes qui est en premier lieu très pertinente, et en second plan judicieuse car au fur et à mesure de cette évolution, l’Arc nous fait suivre non pas Rouge (qui d’ailleurs disparaît mystérieusement pendant un grand laps de temps) mais Bleu, Jaune et Verte, d’autres personnages au background très travaillés, qui ont chacun un rôle clé à jouer au sein de l’aventure.
Le fait de voir Bleu en mentor cynique mais redoutable est simplement jouissif. Lui qui prendra Jaune sous son aile pour le préparer à affronter le Conseil des 4 se révélera alors être l’égal de Rouge. C’est à dire que quand le bougre s’entraîne, il ne fait pas semblant : il découpe un rocher d’une montagne, l’enflamme et dégaine sa Pokéball plus vite que son ombre afin de le pulvériser. Fort !
Dans le manga, le gagnant d’un combat est souvent celui qui dégaine le plus vite !
Le titre flirte également avec un petit côté « paranormal » en confiant à certaines personnes des dons très particuliers. En effet, Jaune, jeune dresseur mystérieux, possède le pouvoir de lire les pensées des Pokémon et de les soigner juste en les touchant. Un don qu’il partage avec un antagoniste très puissant qui se servira de ce même pouvoir à d’autres fins. Mine de rien, cela rajoute du piment aux dialogues, ainsi qu’aux joutes, puisque l’issue d’un combat ne se détermine pas toujours en fonction de la force brute, mais également à l’intelligence du dresseur, qui sortira les bonnes combines au bon moment afin de faire pencher la balance ! C’est très revigorant dans une oeuvre de ce type de voir que ce n’est pas celui qui frappe forcément le plus fort qui l’emporte !
Grands méchants de cet Arc, les membres de la Team Rocket (toujours Giovanni en tête) ne se contente pas seulement d’être « méchante ». À dire vrai, vous remarquerez très vite que cette organisation est simplement manipulée par des êtres encore plus fourbes. Il n’empêche qu’elle a une place très importante, ne serait-ce dans le fait que pas mal de champions d’arènes sont en fait des lieutenants de ladite organisation.
La Team Rocket est (vraiment) de retour !
Ce sont des bad guys, certes, mais contrairement à l’anime, la Team représente « enfin » une menace réelle pour le monde, puisqu’outre voler, kidnapper, toussa toussa, il n’hésitent pas à s’en prendre aux humains. On remarque très vite que le ton monte d’un cran lorsque les dresseurs en prennent autant que leur Pokémon, et c’est plus que crédible de voir des Pokémon s’en prendre aux humains. Dans les jeux ou l’anime, lorsque vous battez un dresseur adverse, celui-ci reste intact et vous laisse partir en disant simplement : »ah mince, il est trop fort, je te laisse passer ! ». Ici, ce n’est pas le cas, lorsque l’on veut mettre un dresseur comme Rouge hors d’état de nuire, la méthode est celle décrite ci-dessous :
De plus, ils n’y vont pas avec le dos de la cuillère, puisque lorsqu’ils ont un plan en tête, ils ne foirent pas inlassablement comme Jessie et James, ils parviennent à aller au bout de leurs idées (ce qui accessoirement met les héros dans une panade incroyable). Il est également plaisant de noter que les Pokémon légendaire passe de l’état de « concept » à un état beaucoup plus matériel, physique et présentiel. En effet, bien qu’ils soient très difficile à dénicher et à capturer, tous comme dans les jeux, cela n’est pas impossible pour autant, lorsque l’on a les moyens. Et les moyens, la Team Rocket, elle les a !
Il y a donc un certain degré de maturité qui s’installe progressivement et qui transforme le joyeux voyage tout mignon de Rouge pour obtenir ses badges en guerre violente dans laquelle se confronte plusieurs esprits idéalistes. Dans ce sens, et en l’état, l’Arc Rouge / Bleu / Jaune de Pokémon : La Grande Aventure représente la meilleure retranscription de l’univers. Et ça, ce n’est pas rien !
Pour finir, Pokémon : La Grande Aventure – Arc Rouge / Bleu / Jaune est un excellent manga. Certes, il ne révolutionne pas la licence Pokémon, puisqu’il ne fait qu’en reprendre les codes, mais il remanie la formule à merveille. Plaisant à lire, drôle, sérieux, épique et intriguant, la nouvelle version broché de 2014 fait le travail à la perfection, chaque tomes faisant peu ou proue 300 pages. Les héros sont très bien travaillés, tout comme les antagonistes, avec un background profond, et les combats sont à la hauteur de ce que l’on est en droit d’attendre de la saga. Inspiré et inspirant, ce premier Arc rempli fait le boulot, et c’est grâce à lui que je me suis également offert l’Arc suivant, Or et Argent, qui est tout aussi génial et dont la critique paraîtra sous peu. Nous pouvons cependant regretter des trames un peu expéditives et certaines cases un brin bâclée, probablement dues à un manque de temps, mais cela ne gâche en rien l’expérience. En attendant, si vous êtes curieux, n’hésitez pas et foncer, c’est peut-être là le vent frais que vous recherchez dans le monde de Pokémon !
Fiche Technique
Titre : Pokémon – La Grande Aventure
Genre : Shônen
Date de sortie : 12/06/2014
Editeur : Kurokawa
Format : 182 x 128 mm
Pagination : 512 pages
Série : Arc Terminé (3 tomes)
Prix : 10,00€