Adapter un jeu vidéo sur grand écran, c’est loin d’être nouveau. Pourtant, cela provoque souvent la défiance des premiers fans, souvent habitués à des reprises plutôt décevantes. On se souvient tous de la grande crise DragonBall Evolution de 2009, qui sert aujourd’hui de mètre-étalon dans le mesurage des adaptations. Gaming Goes to Hollywood, édité par Omaké Books, revient sur cette histoire d’amour tumultueuse entre JV et cinéma et en dresse un portrait intéressant, parsemé de références à la pop-culture et autres anecdotes croustillantes !
Cette critique a été réalisée à partir d’un exemplaire presse délivré par l’éditeur !
300 pages d’Histoire !
Gaming Goes to Hollywood est un ouvrage qui retrace tout au long des années les différentes liaisons, mariages, concubinages et autres « bout de route ensemble » des deux médiums que sont le jeu vidéo et le cinéma. Partant des toutes premières références à peine masquées de Soleil Vert aux reprises assumées de Ready Player One, c’est plus d’une quarantaine d’années qui sont retracées et qui recensent les différents « Gaméos » propres aux deux arts.
Il est vrai qu’une ironie se dessine dans ce récit, c’est elle d’avoir du mal pour le cinéma à comprendre les codes du jeu vidéo et de proposer des adaptations réussies alors que ce dernier n’a jamais cessé, justement, de s’inspirer du septième art pour étoffer sa narration.
Car si, fut un temps, le jeu vidéo était une conséquence directe du cinéma (à savoir : un film fonctionne, donc on en fait un jeu), il est amusant de voir qu’aujourd’hui, la tendance s’est clairement renversée (à savoir : un jeu fonctionne, faisons en une série/un film). La relation qui unit donc les deux médias ne cessent donc d’évoluer, de se parfaire, de se toiser, s’étudier et se comprendre avec plus ou moins de facilités.
Les trois premières parties de l’ouvrage reviennent donc sur les liens qui peuvent se tisser entre jeu vidéo et cinéma. Que cela soit au travers des films ou séries, explicitement ou de façon plus subtile, on revient sur certains moments les plus mémorables et qui alimentent encore bon nombre de discussions de nos jours. La première série Mario, Princesse Zelda ou encore Tron ou Star Trek : il s’agit d’abord de bien savoir d’où on part pour savoir où l’on va.
D’ailleurs, cela a fait remonter pas mal de souvenirs pour le jeune trentenaire que je suis qui s’est remémoré avec émotion le générique de Pac-Man chanté par William Leymergie ou encore la nostalgique purge de Super Marios Bros. le film… Aah…
Gamer Culture 2.0 !
Après-tout, la culture (qui se veut « populaire ») est commune et permet d’unifier les spectateurs et joueurs sous une même bannière, celle des fans. C’est exactement ce que l’ouvrage d’Omaké Books tente de mettre en avant tout au long des pages qui composent le livre. Ce n’est pas tout, puisque bien au delà de présenter certaines références au travers des différents films d’inspiration vidéoludique, le livre se veut proposer tout un tas d’interviews, d’hommages et de décryptage de diverses licences phares.
Ainsi, on retrouvera avec joie tout un dossier consacré à Uwe Boll et Paul Anderson, ainsi que des interviews présentant les acteurs et actrices qui reprennent ou ont repris des rôles d’icônes du JV (notamment, Alicia Vikander, Michael Fassbender ou encore Milla Jovovitch). Bref, il y en a pour tous les goûts et pour tous types de thématiques pour peu que vous soyez fascinés par les anecdotes amusantes et l’étude des médias vidéoludiques.
C’est en ce sens que les parties suivantes quittent le passé pour se tourner plus vers le présent et les récentes adaptations tournant autour du JV (Assassins Creed, Free Guy et Resident Evil pour ne citer qu’eux). Le tout avec une mise en page que j’apprécie beaucoup. Le tout est très coloré, très référencé et propose une expérience de lecture fluide et agréable.
Pour le reste, il est probable qu’un critique cinéma très connaisseur du JV aurait des retours sûrement plus pointus que le mien, uniquement connaisseur JV. Mais prenez donc mon avis comme celui d’un consommateur lambda amoureux de pop-culture : j’ai passé un excellent moment à feuilleter et j’ai pris grand plaisir à retomber dans ces souvenirs cinématographiques. Et qui sait, peut-être y découvrirez-vous votre futur film préféré ? Personnellement, j’ai DE SUITE été me remater Scott Pilgrim vs. the World à la suite de ma lecture. Sah quel plaisir !
Gaming Goes to Hollywood fait partie de ces ouvrages qui méritent de siéger fièrement dans votre bibliothèque d’historiens des médias, ou ne serait-ce que pour combler votre curiosité des deux arts. Il n’est d’ailleurs pas impossible que vous trouviez en lui une parfaite madeleine de Proust si vous avez connu de plein fouet les années 80. Pour le reste, nous avons un contenu bien mis en page, sourcé correctement et faisant la part belle aux acteurs du milieu cinématographique, que demander de plus ? S’il s’adresse clairement plus aux cinéphiles qu’aux joueurs en tant que tel (c’est un ouvrage cinéma à la base, rappelons-le), tout le monde y trouvera son compte pour peu que vous soyez désireux d’en apprendre plus et d’étoffer votre culture générale.