Nippon Ichi Software nous livre ici une aventure qui sort des sentiers battus avec un visual-novel/enquête qui ne sera pas forcément du goût de tous. Se revendiquant d’un héritage à la Danganronpa, Process of Elimination a-t-il de quoi surprendre ? Sortez vos calepins de détectives, direction l’île de Morgue pour faire la lumi-re sur un mystérieux tueur en série.
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
Bienvenue dans l’Alliance !
Le titre nous place dans la peau de Wato Hojo, détective de son état. Jeune, plutôt maladroit et pas encore tout à fait aguerri aux aléas de ce métier, celui-ci va se retrouver impliquer dans une affaire criminelle qui va le dépasser totalement.
En effet, il va très vite intégrer un cercle très particulier : celui de la Detective Alliance. Un pôle assez fermé composé de treize détectives triés sur le volet, et qui possède tous un talent particulier leur permettant de résoudre presque toutes les enquêtes.
Ces derniers travaillent sur le cas du « Duc Ecartelé » (the Quartering Duke), qui est un tueur en série ayant commis plusieurs dizaines de meurtres. Là où le bât blesse, c’est que ce tristement célèbre tueur fait partie des treize détective de la Detective Alliance.
Votre objectif est donc clair : vous allez devoir démasquer ce tueur en vous liant avec les autres détectives et en essayant d’en apprendre plus sur leurs passés. Le tout, bien entendu, en résolvant énigmes et mystères qui vous attendent sur l’île de Morgue.
Dans la droite lignée de tout visual-novel qui se respecte, le jeu est excessivement bavard. Si vous ne connaissez pas le genre, soyez averti : les visual-novel sont pareils à des livres, que l’on pourrait qualifier « d’augmentés ». Il y a certes du visuel et une bande originale, mais le gros du jeu reste quand même de lire. Pour ma part, j’ai trouvé le scénario du jeu très accrocheur, et j’ai été hypé tout le long. Toutefois, il souffre d’une baisse de rythme en milieu de jeu qui se traîne un peu en longueur, avant de se relancer lorsqu’il s’agit d’aborder les révélations finales (je ne sais pas si c’est moi, mais je trouve globalement que c’est un défaut propre à tous les visual-novel).
Concrètement, l’ambiance du jeu peut vous transporter si vous adhérez à la proposition. Le seul point noir assez conséquent est que le titre est proposé intégralement en anglais. Exit donc une traduction FR. Autant dire que si vous n’êtes pas à l’aise avec l’anglais, le jeu se fermera totalement, d’autant qu’un niveau plutôt correct est exigé ici.
Le Colonel Moutarde, dans le salon, avec le chandelier !
Il est plutôt rare que je mette une section « mécaniques » dans les titres de visual-novel. Pourtant, ici, Process of Elimination nous livre des séquences de gameplay qui sont là en soutien de la partie « dialogues ». En effet, vous devrez, tout au long des 6 chapitres du jeu, vous habituer à des séquences d’enquêtes qui se jouent en 3D isométrique et qui prennent la forme d’un simili jeu de plateau.
Votre objectif, durant ces phases, sera d’utiliser à bon scient les capacités des autres détectives pour investiguer les zones et pièces qui s’offriront à vous. L’un sera plus utile pour examiner des empreintes, tandis qu’un autre servira à analyser des objets. Les énigmes que l’on vous propose sont chronométrées, et il faudra résoudre le tout dans la limite impartie.
Il faudra donc tenter de reconstruire l’historique de la scène avant de passer à une phase différente : celle de la déduction, qui consiste à formuler les bons choix et de respecter la chronologie des événements.
Le moins que je puisse dire, c’est que cette partie « gameplay », si elle ne casse pas trois pattes à un canard, reste une excellente idée et trouve toute sa place dans l’univers du jeu. Ces séquences sont pertinentes et permettent de casser la monotonie relative des séquences de dialogues.
De plus, cela permet de donner un réel impact aux autres détectives, qui trouveront dans ces phases leurs utilité. Devoir utiliser la bonne compétence au bon endroit, tout en glanant d’autres indices çà et là, permet de mieux comprendre la dynamique du groupe de l’Alliance.
La direction artistique est, selon moi, l’un des points faible du jeu. Si la bande-son est vraiment sympa, avec des thèmes forts et des ambiances réussies, je ne peux pas vraiment en dire autant de la partie graphique.
En soi, les personnages sont réussis et possèdent un chara-design convaincant et accrocheur. Les décors, en revanche, ont peinés à me convaincre, car ils revêtent tous un côté un peu « cheap ». Du genre issu d’une bibliothèque d’images gratuites.
Dans l’ensemble, cela ne gâche pas l’expérience de jeu, mais le titre aurait gagné à proposer des décors plus travaillés, moins génériques.
Process of Elimination est un bon visual-novel qui propose une expérience convaincante avec une structure forte et des rebondissements prenants (même si certains restent plutôt inégaux). Nous sommes toutefois assez loin d’un Phoenix Wright ou d’un Danganronpa, mais nous vons là un concurrent solide qui pourrait trouver de quoi un public plus large au travers d’une suite. Si, toutefois, NIS America daigne porter le tout avec une traduction FR. Car dans l’état, il est probable que le titre reste dans une niche, au vu du niveau d’anglais nécessaire pour l’apprécier.