Studio indépendant, Myoubouh Corp n’en est pas à son coup d’essai avec Myoubouh Catcher. Il m’est d’ailleurs arrivé de rédiger une critique d’un de leurs anciens jeux, Vairon’s Wrath, au sein d’une autre rédaction (« AG » pour les connaisseurs, rédaction que je salue au passage). Aujourd’hui, c’est sur leur nouvelle création que je m’attarde, et que je vous dévoile. Avec toujours une patte atypique et un concept propre, l’équipe nous livre un mélange savoureux entre puzzle-game et jeu d’action.
Partons à la chasse aux lucioles !
Pour celles et ceux qui connaissent déjà Vairon’s Wrath, il faut savoir que Myoubouh Catcher se déroule dans le même univers. Ainsi, plusieurs petites références surviendront parfois faire un clin d’œil sympathique. Le jeu nous place dans la peau de Namobouh, un petit être issu du peuple Myoubouh. Il est ce qu’on appelle un « attrapeur » (un Catcher).
Dès le début de l’aventure, un vieux Myoubouh nommé SonGobouh (!), lui attribuera la tâche de retrouver des lucioles et de les mettre à l’abri, pour le bien du village. Armé de son fidèle filet à papillon luciole, notre petit héros part donc en quête de ces petites bêtes luminescente.
Mais vous vous en doutez, ce ne sera pas forcément une partie de plaisir. En effet, on comprend très vite que si certaines lucioles sont très faciles à attraper, d’autres prennent une forme bien plus retorses et vous demanderont certains réflexes en plus de savoir activer vos neurones. Car le joueur doit prendre en compte un minuscule détail, mais qui pourtant fait le principe de tout le jeu : les Myoubouh sont pacifistes.
En résumé : ils ne peuvent et ne veulent blesser personne. Il faudra donc traverser des zones infestées d’ennemis sans les confronter (sauf objets spéciaux). Surtout que lesdits monstres, en plus de bloquer des passages ou des chemins précis, peuvent souvent vous vaincre en quelques coups seulement. C’est cela, Myoubouh Catcher, un jeu d’action en apparence mais qui camoufle en réalité des mécaniques de puzzle-game.
L’observation est reine !
Le titre pose donc des consignes simples. Vous êtes armé d’un arc et de flèches soporifiques, et frapper un ennemi ne le blesse pas. En revanche, cela l’endort et le fait se déplacer d’une case en arrière. Pourquoi préciser ? Car, en observant bien le tableau de jeu, vous pourrez anticiper et tenter de déplacer des monstres avant qu’ils ne vous repèrent. Si l’un d’entre eux bloque l’accès à une luciole, il suffit donc de le déplacer (ou de l’endormir pour ne pas être dérangé), et de rapidement capturer la petite créature. Un monstre devient donc un puzzle potentiel, car si on le déplace de façon malencontreuse, il est possible de s’auto-bloquer plutôt que de dégager la voie. Gare donc à votre côté impulsif.
Dans chaque tableau (ou presque) se cache une luciole, ainsi que des monstres et/ou une énigme. Il faut donc bien explorer les lieux et faire bon usage de votre équipement pour en capturer le plus possible, en sachant que le jeu en propose plus de 300 à collecter. Autant vous dire que vous aurez de quoi faire. L’avancée se fait de façon très progressive et très vite, se sont multitudes d’interrupteurs, de piques et autres rochers à détruire qui viendront s’ajouter pour corser l’expérience de jeu.
Car si le début du jeu laisse transparaître un rythme assez simple et surtout répétitif, la suite offre une liberté bien plus agréable dans le choix des zones. Ce qui fait qu’en plus de rester sur de la chasse aux lucioles, on apprécie débloquer de nouveaux objets (les bombes ou la pioche pour ne citer qu’eux), qui permettent de neutraliser les ennemis ou d’extraire des minerais que l’on peut revendre contre des objets auprès de SonGobouh. Dès lors, on se rapproche d’une progression à la Zelda, qui vous demande de trouver les bons objets pour explorer les bons donjons.
Le but de la survie devient alors de configurer correctement sa barre de raccourci. Si celle-ci peut contenir vos armes, il ne faut pas oublier d’avoir des herbes de soin à portée pour éviter des morts fâcheuses. Je vous conseille donc de sauvegarder dès que vous en avez l’occasion, je parle en connaissance de cause car, comme dit plus haut, les ennemis sont costauds et ne font pas dans la dentelle.
Le tout donne à Myoubouh Catcher une difficulté bien équilibrée. Oui, il est difficile et assez compliqué, mais pas impossible à parcourir pour autant. Ce qu’il faut comprendre dans la logique du jeu, c’est qu’il ne pardonne pas les erreurs. Une fois que c’est assimilé, on voit bien là où le titre veut en venir et il est alors plaisant de sentir que notre observation et notre sang-froid sont encouragés.
La direction artistique du titre reste dans une simplicité plutôt relative. D’une, le level-design est très bien pensé et les différentes énigmes viennent s’y greffer à merveilles. La progression tableau par tableau est aussi très bien implémentée, ce qui fait que, même sans carte pour se repérer, on parvient quand même à comprendre l’assemblage des donjons et leur position. Toutefois, l’uniformité des éléments du décor peuvent très souvent nous faire passer à côté de quelque chose d’important.
Par exemple, certains éléments destructibles du décor sont tellement « semblables » au décor en lui-même qu’on ne réalise pas au premier abord que l’on peut interagir avec ledit élément. Il suffit qu’un filtre d’avant-plan viennent rajouter un petit effet visuel et il devient alors facile de louper un passage ou un coffre à trésor. Je vous rassure quand même, ce n’est pas bien méchant en soi, car une fois que l’habitude est prise, on se met à tester diverses interactions qui nous débloque à un moment ou un autre.
La bande-son, quant à elle, est un point fort du jeu. Bien que classique, l’OST est très agréable et colle très bien avec les environnements visités. Elle sait se faire discrète et se fondre avec les ambiances. Pour ma part, je n’ai constaté aucune dissonance malheureuse, ce qui est un excellent point.
Myoubouh Catcher est donc un titre emplit de bonne volonté qui propose des mécaniques ingénieuses. On sent bien que certains efforts, notamment sur le plan UI sont encore à faire, mais qu’importe, nous avons là un titre intéressant qui cherche à mélanger action et puzzle. Il y parvient de façon réussie et propose assez de challenge, d’énigmes et d’exploration pour donner envie d’en voir toujours plus et de débloquer de nouvelles mécaniques. Pour le reste, la mauvaise langue pourra pointer du doigt une technique un brin classique et certaines petites maladresses de design, mais s’arrêter à ce simple attrait serait passer à côté de l’essentiel. En effet, il y a bien là un potentiel énorme et de la grandeur dans les idées. Bravo au studio qui continue sur une lancée plus que prometteuse : j’ai déjà hâte de tester leurs futurs projets.