[JEU VIDÉO] Mato Anomalies – Un mélange de genre trop ambitieux ?

[JEU VIDÉO] Mato Anomalies – Un mélange de genre trop ambitieux ?

Désireux de se positionner dans la même veine que les MegaTen ou encore les Perosna, Mato Anomalies est un titre plutôt atypique qui mange auprès de plusieurs râteliers. Proposant un récit tournant autour du polar, le titre alterne en visual-novel, enquête et mécaniques de J-RPG. Si on peut louer la prise de risques et les tentatives de proposer une formule fraîche, n’est-il pas délicat de courir plusieurs lièvres à la fois ? Verdict !


Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !


Scénario

Sur le fil des marées (funestes) !

L’intrigue nous plonge dans la peau de Doe, détective de son état, qui opère dans la nébuleuse et assez louche ville de Mato. Mandaté pour se pencher sur un cas particulier, Doe va très vite se retrouver confronté à plusieurs éléments paranormaux/extranormaux.

En effet, son enquête sur une étrange Neuromatière et la découverte des Marées Funestes, vont changer la donne. Dans une dimension étrange qui n’est pas sans rappeler le metavers de P5 avec ses Palais, les démons qui y grouillent aspirent les émotions humaines. Il va donc falloir investiguer sur ces phénomènes tout en nettoyant les zones où ces démons pullulent : les Antres.

S’inspirant des plus grands codes du polar, le ton et l’ambiance donné à Mato Anomalies est très bien travaillé et m’a tout de suite immergé. La narration est bien amenée et le lore qui entoure la ville et les malfrats qui la dirigent (ambiance mafia) donne envie d’en apprendre toujours plus.

Doe, le détective, sera donc en charge de la partie « visual-novel », ce qui signifie explorer la ville, enquêter et progresser dans la narration. Un autre protagoniste, Gram, sera lui en charge de la partie « Antre », donc donjon, donc combat, du jeu.

D’une manière générale, le scénario est très convaincant, et sera probablement le meilleur point à mettre en avant pour vous convaincre de craquer pour le jeu. L’écriture est de qualité et l’ambiance « dystopie » un peu cradingue de Mato donne vraiment corps à cet univers.

Même si on sent qu’il s’agit là du tout premier titre du studio (et que cela se ressent dans la technique globale du jeu), il n’en reste pas moins que la proposition d’un jeu localisé en français avec cette inspiration et ce travail d’écriture reste louable.

Mécaniques

Le Voleur L’Exorciste Fantôme !

Les mécaniques de gameplay de Mato Anomalies se découpent principalement en deux parties (trois si on compte également les « ouvertures d’esprits » à base de jeu de cartes.

D’une part, comme cité plus haut, Doe aura la charge de mener l’enquête au sein de la ville de Mato, ce qui se traduit par une exploration de la ville, de la discussion avec divers personnages et la récolte d’indices qui débloqueront des « Antres », qui sont l’équivalent des donjons d’un Persona.

Mais Doe étant incapable de se défendre dans ces lieux dimensionnels étranges, c’est son partenaire Gram, l’exorciste, qui prendra le relais pour la partie combat et exploration du donjon. Si Gram se retrouve seul au combat au début, il sera rejoint au fil de l’aventure par divers alliés qui viendront grossir les troupes et proposer de nouvelles compétences de combat.

Cette alternance de phases de gameplay n’est pas dérangeante en soi, et je dois dire que j’apprécie fortement les J-RPG proposant ce style de mécanique. Car généralement, je trouve une certaine lassitude au fait de me battre perpétuellement. J’apprécie donc d’avoir une autre phase qui me permette de souffler un peu et de mieux me préparer avant de repartir à la castagne.

Toutefois, on remarque à ce niveau là qu’il s’agit du premier jeu du studio. Non pas que les idées sont mauvaises, car elles ne le sont pas. Mais plutôt qu’elles sont mal exécutées. Car si la ville de Mato est intrigante et avec une direction artistique qui fait son effet, son exploration est parfois laborieuse et il ne s’y passe pas vraiment grand chose hormis les éléments relatifs au scénario. Cela manque un peu de vie pour moi et d’événements aléatoires qui donnent l’illusion du vivant à la décadence du lieu.

Et on sent bien que le studio a tenté de multiplier les gameplays pour essayer de noyer un peu le poisson. Ainsi, nous avons la partie « enquête » qui, comme dit plus haut, relève du visual-novel avec beaucoup de dialogues, une partie J-RPG avec des combats au tour par tour, et une partie « jeu de carte » qui intervient lors de duels avec des personnages possédés par la marée funeste. Si j’étais tatillon, je rajouterai également une partie « dungeon-crawler » sur des antres particulières qui sont générées procéduralement et qui permettent d’aller looter de l’équipement.

Du coup, à trop vouloir donner à boire et à manger, il en ressort qu’aucun de ces gameplays n’est correctement exécuté. Attention, ils sont tous fonctionnels et sur le papier « opérable », mais en l’état, on en ressent un petit vide et un manque de finition qui gâche un peu l’expérience de jeu.

Direction Artistique

Pour ma part, la direction artistique est un des éléments qui m’a intéressé à Mato Anomalies. Cette sensation de trait « brouillon », de ton noir/polar très efficace mais mélangé tout de même à une colorimétrie qui fait très « Las Vegas » en perdition : la DA est pour moi une réussite.

Je rajoute même une mention honorable aux séquences animées façon BD qui tranchent avec le reste et dynamise certains pans du scénario.

La bande-son, en revanche, reste pour moi un peu en retrait. Sans véritables thèmes marquants, elle a correctement fait le job sans toutefois me sauter aux oreilles.

Conclusion

Mato Anomalies, en tant que premier soft du studio, est une belle proposition et, je le pense, pourra intéresser les fans de J-RPG de niche qui cherchent un peu de fraîcheur et un studio prometteur à surveiller. Mais s’il faut admettre que l’exécution générale manque encore de finition et se prend les pieds dans quelques travers, notamment celui de multiplier les gameplays sans les renforcer, il parvient à séduire avec une ville de Mato convaincante, une écriture soignée (et localisée s’il vous plaît) et de petits atouts qui ne demandent qu’à déployer plus leurs ailes dans un nouvel opus.

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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