Que la licence Final Fantasy se prête à l’exercice de l’adaptation, ce n’est pas nouveau. Qu’elle propose pour la première fois un scénario complètement original qui ne suit les péripéties d’aucun jeu de la saga : c’en est une autre. C’est en effet ce que propose Final Fantasy : Lost Stranger, trouvable chez Mana Books et signé Itsuki Kameya au dessin et Hazuki Minase au scénario. Je souhaite proposer une critique tome par tome sur ce shônen qui mélange terrain conquis et nouveauté.
Shogo et Yuko sont frère et sœur. Ils travaillent tous deux pour Square Enix et rêvent en secret de pouvoir un jour créer leur propre Final Fantasy. Ils sont bien conscients que la tâche est délicate et qu’il faudra travailler dur pour que ce rêve se réalise, mais ils tiennent bon et ne lâchent rien. D’ailleurs, on constate très vite qu’ils vivent Final Fantasy, pensent Final Fantasy et jouent Final Fantasy. Ils sont incollables sur la saga et vouent une passion dévorante à la série.
Tout va basculer pour eux le jour où, en pleine rue, les deux jeunes gens se font percuter par un poids lourd. À leur réveil, ils se retrouvent dans un tout nouvel univers. Le hic, c’est que nos deux experts ne connaissent absolument pas ce monde. Spira ? Non ! Ivalice ? Non plus ! Hera ? Encore moins ! Quel est donc ce monde particulier qui possède tous les codes de la licence (les mogs, races et magies…) mais qui est inconnu pour nos héros ?
Je ne peux pas vraiment aller plus loin sans spoiler le contenu de ce premier. Mais qu’en dire concrètement ? À vrai dire, ce premier tome ressemble à la plupart des premiers tomes de shônen. Nous sommes dans une présentation de l’univers qui va servir de scène de théâtre pour les livres à venir.
Nous sommes donc dans du classique, mais qui permet au lecteur de s’ancrer petit à petit avec les personnages. Classique, certes, mais à la différence qu’un événement que je n’avais absolument PAS vu venir m’a assez retourné, dans le bons sens du terme. Celui-ci, d’ailleurs, constitue le pivot central ainsi que le début de la quête du héros. C’est donc le deuxième tome qui aura la lourde tâche d’emmener plus loin les éléments mis en place dans cet opus. Vous en aurez bien entendu une critique le moment venu.
Sur le scénario de Minase Hazuki viennent se plaquer les dessins et la mise en scène de Itsuki Kameya. Autant le dire tout de suite : le tracé du monsieur fait mouche. Je demande à voir plus tard sur de grosses scènes d’action (ce premier tome n’est pas très généreux en baston) car il me semble détecter chez lui une certaine propension à aller un peu vite sur les actions rapides.
Pour le reste, les personnages sont attachants, les paysages et décors bien assemblés, et les éléments relatifs à Final Fantasy font superbement bien le travail. On reconnaît du premier coup d’œil les classes (jobs) des personnages, et les moments dramatiques sont correctement appuyées.
Outre cela, la lecture se veut très fluide. Ce n’est pas la panacée pour autant, mais chaque moment sait trouver sa place et son ambiance. J’aime le fait que Kameya « casse » souvent les cases pour faire déborder ses œuvres sur les autres et créer ainsi du lien. En revanche, j’aurais préféré des doubles pages plus ambitieuse (notamment l’apparition du dragon, que je trouve plutôt brouillonne avec des tons très (trop ?) sombres). Je chipote, mais hormis ces jérémiades, c’est du très positif qui ressort de la lecture de ce premier tome.
Final Fantasy : Lost Stranger – Tome 1 – est une première adaptation originale qui promet de grandes choses. C’est du bon boulot qui donne envie d’en lire plus et qui nous embarque facilement dans son univers. Personnellement fan de la saga Final Fantasy, j’ai été satisfait de constater que si les références aux jeux sont légions et raviront l’œil entraîné, n’importe qui pourra y trouver son compte sans se sentir largué. J’espère seulement que la suite sera à la hauteur des promesses vendues dans ce premier tome.