Les card games, ce n’est généralement pas mon fort. Non pas que le genre me repousse, mais plutôt que les expériences compétitives avec des inconnus ne m’attirent pas plus que cela. Eh oui, je suis surtout un joueur solo. Alors quand s’est présenté l’opportunité de poser mes petites mimines sur un card-game solo (mais aussi avec son aspect multijoueur quand même bien travaillé), je n’ai pas hésité une seconde. C’est désormais l’heure de la critique : que vaut donc Shadowverse : Champion’s Battle ? Verdict !
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !
Welcome to High-School !
Déjà, il faut savoir une chose que j’ignorais moi-même : Shadowverse, c’est connu au Japon. Très connu ! Paru initialement en 2016, il a connu un succès fulgurant sur PC et plateformes mobiles. C’est dans un désir d’expansion que le titre débarque aujourd’hui sur Nintendo Switch sous le sobriquet : Champion’s Battle ! Mon ignorance est désormais comblée, puisque j’ai pu un mieux cerner ce qui a fait la popularité de cette récente licence.
Nous commençons donc dans la peau d’un avatar (fille ou garçon au choix) qui débarque au sein d’une nouvelle école : la Tensei Academy. Très vite, on se fera un petit groupe d’amis qui correspond bien aux clichés du genre (la douce et prudente, l’idiot impulsif, le compétiteur, etc.). Tous ont une particularité : ils jouent à Shadowverse, le jeu de carte le plus populaire. Mais vous vous en doutez, notre avatar, lui, sort de sa grotte et ne connaît rien au jeu. L’occasion rêvée d’apprendre à jouer et de commencer à maîtriser les règles de ce jeu de cartes particulier.
Alors je n’en dis pas plus pour ne pas spoiler, car même si le scénario est assez simple et se veut très prévisible, il reste tout de même plutôt sympathique à suivre. Mais ne vous attendez pas non plus à de la haute volée : vous êtes quand même là pour botter des fesses et taper le carton comme personne.
Le point très frustrant qui en rebutera pas mal est que le titre se joue entièrement en anglais. Eh oui, pas de traduction française pour nous. Toutefois, l’anglais utilisé se veut plutôt simple et si vous vous sentez chaud et que vous connaissez déjà très bien des jeux comme Hearthstone ou Magic (mais plus Hearthstone quand même), je ne peux que vous conseiller de tenter le coup, puisque beaucoup de mécaniques sont communes à ces jeux : vous ne serez donc pas perdus.
Des gameplays variés !
C’est ici que nous entrons dans le vif du sujet : les mécaniques de jeu de Shadowverse : Champion’s Battle ! Comme cité plus haut, on remarque très vite que le jeu emprunte beaucoup de mécaniques (même quasi-toutes) au géant Hearthstone (qui lui-même en emprunte à Magic qui lui-même… On peut jouer longtemps comme ça, mais vous avez compris l’idée). Les mots-clés changent, bien sûr, mais le principe reste le même. Ainsi, « Charge » devient « Fanfare », « Râle d’Agonie » devient « Last Word » (dernier mot), etc.
C’est dans sa tentative de se différencier du tôlier que Shadowverse propose des choses assez intéressantes. Pour être précis, il propose deux mécaniques bien distinctes qui donnent (pour ma part) un « pep’s » aux parties de cartes plutôt aguicheur. La première de ces mécaniques correspond aux « classes » des cartes. Je m’explique.
Dans Shadowverse : Champion’s Battle, comme dans un RPG, il existe des classes qui correspondent aux decks que vous souhaitez jouer. Je parle de « classes », mais je pense que le terme de « stratégies » serait plus approprié. Il existe donc 8 types de stratégie. Une, les vampires, sera basée sur le fait de voler la vie de l’adversaire (vol de vie), une autre sera basée sur le fait d’avoir des cartes faibles, mais en surnombre (type « deck rouge » de Magic), d’autres se baseront sur des sorts boostés, etc.
Chaque stratégie vous donne accès à un « pouvoir » (ou talent) spécial qui est propre à votre classe. Par exemple, les decks basés sur les vampires correspondent à la classe « Vengeance », qui vous octroie un avantage dès que vous passez sous la barre des 10 points de vie. Les decks « Dragons » correspondent à la classe « Overflow » qui vous octroie des avantages dès que vous passez à plus de 7 points de mana. Il y en a 8 comme cela en tout, et cela permet déjà de diversifier pas mal les parties et apporte un petit piment non négligeable. Si votre adversaire est un « Overflow », alors vous savez que passé les 7 points de mana, il va devenir beaucoup plus dangereux. Ce sera à prendre en compte lors de vos parties.
La deuxième mécanique est celle de « l’Évolution ». Dans Shadowverse, toutes les cartes de combattants peuvent évoluer au bout d’un certain nombre de tours. Vous possédez des points d’évolution, et lorsque bon vous semble, vous pouvez en claquer un pour faire évoluer une créature. Celle-ci gagnera toujours un boost de points de vie et d’attaque, mais d’autres peuvent, en plus de cela, gagner un effet bonus. De plus, son apparence changera, même si pour la plupart, ces changements sont plutôt flemmards : toutes les illustrations ne se valent pas. Il faut donc jouer intelligemment et déployer ses atouts au bon moment pour remporter la victoire.
Mine de rien, ces deux mécaniques qui ne semblent pas payer de mine aux premiers abords parviennent à bien s’intégrer aux parties et à donner des variations intéressantes. La construction de deck prend également une tout autre tournure et on prend vraiment plaisir à vouloir associer la bonne stratégie aux bonnes cartes. Surtout qu’il convient de préciser que les parties sont relativement rapides. Le gameplay à la manette ou, mieux, en mode portable, est précis et confortable, ce qui fait qu’en quelque clics on pose ses cartes, on déclenche les effets, on passe son tour, etc. L’ergonomie est là, il n’y a pas de soucis à ce niveau-là. Il est également possible d’utiliser le tactile de l’écran, mais j’ai trouvé cela pour ma part pas très pratique. Le mieux reste la manette.
L’objectif du jeu sera donc, au travers du scénario, d’explorer l’école et ses alentours tout en dérouillant tous les joueurs de cartes qui vous entourent. Vous pourrez ainsi remporter de l’argent, des cartes et des dos de cartes, et vous pourrez également acheter des « boosters » de 10 cartes pour renforcer votre collection. De longue heures de jeu en perspective, surtout si vous êtes du genre à tester un peu tout et n’importe quoi comme stratégie.
Enfin, et heureusement que le jeu ne passe pas à côté : il y a le mode multijoueur. Vous pouvez étaler en ligne tout le talent de vos créations et partager vos cartes auprès de milliers d’autres joueurs. De quoi faire fondre de loooongues heures de jeu sans voir le temps passer. Comme les parties sont rapides, elles s’enchaînent à la vitesse de l’éclair.
Ne reste que les phases scolaires, assez redondantes et avec des phases de dialogues souvent longues. Ça passe dans un RPG bien écrit, mais ici, ce n’est clairement pas ce que l’on recherche. Il en ressort donc des phases du jeu où l’on ne sait pas trop pourquoi on se retrouve à courir à droite à gauche dans des couloirs biens vides. Dommage sur ce point donc !
Pour ce qui est de la direction artistique, je suis plutôt partagé. D’un côté, je ne vois pas grand chose à redire aux parties en elles-mêmes. Les animations (une première en combat juste pour la Switch il me semble) sont correctes, les cartes aussi et les différents effets donnent de la vie et collent bien à l’esthétique générale. Mais les phases « scolaires », raides et dans des environnements similaires, font perdre un peu de superbes à la Tensei Academy. Certes, on vient pour jouer, et on est pas dans un Persona, mais quand même, un petit entre deux n’aurait pas été de refus.
La bande-originale, elle, fait correctement les travail. Les musiques sont variées et existent en plusieurs styles, mais je dois avouer être déçu de ne pas avoir eu de « thèmes » vraiment percutants et distinctifs. Je vous rassure, cela reste très acceptable, mais une identité sonore plus marquée et plus ambitieuse aurait, là aussi, fait son effet.
Pour conclure, Shadowverse : Champion’s Battle est une surprise inattendue (j’avais pas menti dans le titre). Moi qui m’attendais à une pâle copie d’un énième jeu de cartes sans ambition me suis retrouvé fort dépourvu lorsque les mécaniques de jeux furent venues. Blague à part, tout n’est pas parfait, et on peut déplorer l’absence d’une traduction française. Les phases scolaires et les longs dialogues pourront aussi en refroidir certains. Toutefois, les mécaniques sont là, elles proposent quelque chose de frais et d’assez novateur (même si on ne renouvelle pas le genre pour autant), et permettent de s’éclater pendant des heures et de manière très simple. Si vous êtes curieux de découvrir un card-game original et que vous vous sentez l’âme d’explorer de nouveaux horizons : jetez-vous à l’eau. Certes, vous trouverez probablement le jeu un peu timide dans ses fondations, mais avec un potentiel assez fou de potentielles suites à venir.