Êtes-vous à la recherche d’un jeu à la saveur particulière ? Aimez-vous les dés et le hasard qu’ils impliquent ? Et les city-builders, vous aimez aussi ? Alors je pense ne pas me tromper en vous disant que Dice Legacy pourrait bien être un de ces jeux qui vous accroche, vous marque et propose une expérience très rafraîchissante pour le genre. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que ce dernier s’est vu décore du prix du jeu le plus original lors de la récente Gamescom 2021 ! Qu’en ai-je pensé ? Verdict !
Cette critique a été réalisée à partir de versions Nintendo Switch et PC fournies par l’éditeur !
MàJ du 20/05/2022 :
Ajout d’une section relative au DLC « Corrupted Fates » après la conclusion !
Dice Legacy nous place dans la peau d’un souverain dont le navire vient de s’échouer sur une côte inconnue. Pourquoi ? Pour qui ? Comment et dans quel but ? Voilà des questions qui ne trouveront guère de réponses durant vos sessions de jeu. Nous sommes donc plongés dans le mystère le plus total. Tout ce que nous savons est que nous devons survivre dans un environnement qui se veut hostile.
Fait amusant, la « planète » sur laquelle se trouve notre équipage est un réalité un anneau (Halo style) qui, au delà d’être original et plutôt beau, permet également un déplacement de caméra unique, puisqu’on ne peut aller que d’avant en arrière, en suivant les contours de cet anneau.
L’objectif est donc le suivant : survivre ! Pour cela, vous devrez gérer intelligemment vos paysans et les faire travailler efficacement afin de débloquer plus de ressources et ainsi construire des bâtiments. Alors oui, je dis « vos paysans », mais il conviendrait mieux de dire « vos dés ». En effet, Dice Legacy a cette originalité de remplacer tout personnage humain par un dé.
Vous débutez donc avec des dés de paysans, et plus tard, il vous appartiendra de les transformer en dé de Citoyen, de Soldat, de Moine ou de Marchand. La spécificité étant qu’au lieu de trouver des chiffres sur chacune des faces, à l’instar d’un dé de jeu classique, vous avez des symboles qui représentent des effets. Il faut donc jouer de chance ou de malchance pour réaliser vos actions, car toutes vos décisions seront jouées au hasard. Ce qui fera la différence sera surtout votre capacité d’adaptation face aux résultats que vous obtiendrez.
S’adapter est donc la clé du succès. C’est quelque chose de crucial à comprendre, car les saisons changent, et si vous ne prenez pas garde, vous vous verrez fort dépourvus lorsque l’hiver sera eusse venu (je n’assume pas du tout cette figure de style nulle). Enfin, vous apprendrez très vite que vous n’êtes pas vraiment seul sur cet anneau étrange. Il faudra se méfier « Des Autres », peuple singulier qui viendra régulièrement attaquer vos territoires.
Voilà le pitch de base. Certes, il n’y a pas réellement de scénario à suivre, mais le jeu joue avec un lore flou, mais furieusement intrigant qui donne sans cesse envie d’aller plus loin sur l’anneau. Et des parties, croyez-moi, vous n’avez pas fini d’en faire si vous désirez parcourir le jeu de long en large.
Plongeons maintenant un peu plus au cœur des mécaniques du jeu. Comme cité plus haut, le concept de Dice Legacy est de vous faire jouer à un city-builder/survival à l’aide de dés. Chaque dé représente en réalité une classe sociale d’une société. Il y a donc le Paysan, le Citoyen, le Soldat, le Moine et le Marchand, qui sont autant de classes que d’options qui les accompagnent.
Prenons un dé de Paysan, par exemple, puisque l’on commence une partie avec eux. Sur chacune des faces, on pourra trouver un marteau, symbolisant le fait de construire un bâtiment. Des outils, qui représentent le fait de travailler dans une mine pour trouver des pierres, ou dans une forêt pour dénicher du bois. Egalement une épée, qui symbolise le fait de se défendre en cas d’attaque, et ainsi de suite… Pour construire une auberge, un atelier ou encore une maison, il va donc nous falloir des ressources (bois, pierre, fer, nourriture, etc.) ainsi que de la main d’œuvre. Certains bâtiment vont vous demander de leur donner 2 marteaux pour entamer la construction. Il vous revient alors de lancer les dés jusqu’à ce que vous obteniez ces 2 marteaux afin de les assigner audit bâtiment. Il faut ensuite un temps donné (en réel) et votre œuvre sortira alors de terre.
Vous allez me dire : « Facile ! Il suffit juste de lancer les dés en boucle et tout ira bien ! ». Négation, négation, comme disait Bruno Salomone. Car les dés possèdent des points de vie. Chaque lancer consomme un point, et lorsque ce chiffre passe en négatif, celui-ci meurt. Vous perdez donc un dé, et plus encore, la classe sociale représenter par ce dé devient moins heureuse. Et si le bonheur d’une classe descend trop bas, vous risquez la révolte (logique). Il faut donc être prudent, ne pas lancer les dés à tout-va et bien mûrir les décisions que vous prenez, car chaque lancer peut se révéler être une bénédiction autant qu’une malédiction.
Ce n’est pas tout, puisque comme si cela ne suffisait pas, il vous faudra aussi gérer les hivers (où la nourriture ne pousse pas et où vos dés peuvent littéralement geler, les rendant de fait inutiles) ainsi que les lois que votre conseil politique tentera de vous proposer à chaque début de saison. Ces lois sont des bonus qui peuvent être très utiles, mais il faut veiller à ne pas favoriser toujours la même classe sociale, sous peine de froisser les autres.
Et là se trouve précisément tout le sel de Dice Legacy. Valser entre avancée dans les terres, gestion du bonheur de vos dés, survie aux hivers hostiles ainsi qu’aux autochtones… Tout est là pour brouiller les frontières entre plaisirs, frustrations et compétitions. D’ailleurs, la difficulté du jeu est délibérément élevée, car c’est du côté du rogue-lite que les créateurs ont trouver une de leurs sources d’inspirations. C’est pour cela qu’il faut accepter, et ce dès le début, que mourir dans Dice Legacy : ce n’est pas grave ! Vous en ferez des parties, et pas qu’une seule. Chacune d’elle vous apprenant à tirer des leçons de vos propres erreurs pour vous améliorer lors de la suivante, et ainsi de suite.
Et si vous parvenez à atteindre le bout de l’anneau, alors de nouveaux horizons s’offriront à vous. Car la fin d’une partie ne signifie pas que vous connaissez tout du jeu. Des modes annexes, des règles variées et autres joyeusetés (coucou les dés exaltés) viendront vous donner l’envie de toujours en voir plus.
Le seul gros bémol du titre, pour moi, concerne l’ergonomie à la manette (je m’adresse donc à celles et ceux qui compte le prendre sur Nintendo Switch). Celle-ci n’est clairement pas optimisée pour une expérience pleinement plaisante. Je vous rassure, le jeu reste parfaitement jouable. Toutefois, lorsqu’il s’agit d’être précis au millimètre ou encore de devoir aller vite en peu de temps, il y a souvent blocage, tant les commandes ne sont pas intuitives.
Le jeu a fait le choix pour sa direction artistique d’une politique « sobre et efficace ». Nous sommes là dans quelque chose de très classique, mais qui parvient à faire beaucoup avec peu de choses. Que cela soit cet énigmatique anneau flottant au milieu de l’espace, le design des dés qui évoluent avec les classes sociales ou en les fusionnant en passant par les pistes audio qui savent se faire assez discrètes pour poser une ambiance de qualité : le tout fonctionne bien et parvient à nous embarquer sur la longueur !
Ne reste pour moi que les menus et les sous-menus, qui prennent la forme de simples fenêtres aux allures trop classiques. Les relooker afin de mieux les intégrer à la direction artistique permettrait de casser un peu moins l’immersion. Lais je suppose que vous avez bien compris que, sur ce point, je chipote.
Dice Legacy est pour moi une surprise que je n’ai clairement pas vue venir. L’originalité de son système de jeu couplé aux mécaniques grisantes et frustrantes du rogue-lite en font un titre qui possède une saveur toute particulière. Certes, la maniabilité sur console n’est pas un élément qui lui rend honneur, mais gageons que cela soit corrigé dans une (je l’espère) éventuelle suite. Si vous êtes à la recherche d’un titre innovant avec de la fraîcheur et du challenge, vous pouvez carrément vous tourner vers ce titre qui saura vous occuper de longues heures. Il mérite complètement son récent prix décerné lors de la Gamescom 2021, et si vous êtes amateurs du genre, il n’y a pas de doute sur le fait que Dice Legacy vous plaise. Foncez !
DLC : Corrupted Fates !
Ce DLC est plutôt généreux en terme de mécaniques de jeu, puisque au delà d’un nouveau mode de jeu baptisé « la Ruine » qui vous fait démarrer avec une ville assiégée, ce contenu « Corrupted Fates » se paye le luxe d’ajouter une nouvelle classe : les Cultistes. Le gameplay de ces derniers se base sur le fait de pouvoir sacrifier d’autres dés, ce qui entrouvre de nouvelles façon de gérer vos parties. Attention toutefois, ils sont certes très puissants, mais ont la fâcheuse tendance à influencer vos citoyens, qui vous proposeront alors de plus en plus de lois corrompues (à fuir comme la peste).
Bien entendu, de nouveaux bâtiments viennent aussi s’ajouter (6 au total) pour gérer cette nouvelle classe, ainsi qu’une dizaine de technologies et, surtout, un nouveau dirigeant en la personne du Pasteur. Globalement, et pour le coût proposé (une huitaine d’euros) vous pouvez foncer sans problème pour peu que vous ayez adoré le jeu de base. Pour les autres, Corrupted Fates ne fera pas de miracles si la version vanilla ne vous a déjà pas séduit.