Décidément, Square Enix tente de nous régaler de surprises ces derniers temps. Après moult reparutions d’anciens jeux n’ayant pour la plupart jamais franchis nos frontières, c’est au tour de Tactics Ogre : Reborn, de venir titiller les joueurs occidentaux, dans une versions revisitées et traduites en français, s’il vous plaît. Verdict !
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !
Une narration politique !
Le scénario du titre pourra vous sembler quelque peu cryptique si c’est la première fois que vous posez les mains sur Tactics Ogre : Reborn.
Le jeu nous place dans la peau de trois amis, Denam, Catiua et Vyce, qui vont vite s’associer à un mystérieux chevalier Lanselot (et sa troupe) afin de libérer leur comté des envahisseurs. Ce faisant, le petit groupe va vite monter en galons et va se voir mandater par le duc fraîchement libéré afin de prendre part au contexte politique du continent.
C’est là un des points qui m’a pas mal surpris (je n’ai sans doute plus l’habitude), c’est que le scénario se dévoile comme si vous connaissiez déjà tous les tenants et aboutissants du monde qu’on vous propose. Certes, ce Tactics Ogre est le deuxième volet de sa saga, mais c’était déjà un souci dans le premier.
Donc, vous serez dès le début assailli par des noms de pays, de duchés, de villes, de continents, d’armées… Comme si vous les connaissiez depuis toujours. Généralement, chez moi, cela à tendance à fortement m’agacer.
Il faudra donc voir pour vous si vous parvenez à passer outre cette sensation d’être largué. Avec le temps, on s’y fait et on arrive à raccrocher les wagons, mais j’avais bien oublié à quel point les jeux d’il y a 20 ans ne nous prenaient pas du tout par la main.
Pour le reste, le scénario, qui se veut assez politisé dans son propos, est toujours de bonne facture, et c’est un vrai régal de l’avoir (re)découvert en version française. Les personnages sont bien traités, les enjeux donnent une tension aux batailles très plaisantes. L’écriture est de qualité et la narration parvient toujours à nous embarquer.
Votre aventure sera également divergente par moment, puisqu’un système d’alignement est présent, qui influencera certaines décisions durant l’aventure et, par voie de conséquence, amènera à des batailles différentes. C’est assez bienvenue, car cela peut permettre une certaine rejouabilité. Mais dans tous les cas, les embranchements pris par l’histoire à certains moments se rejoignent toujours lors du dernier chapitre.
Faire du neuf avec du vieux !
Tactics Ogre : Reborn propose la même expérience qu’à l’époque, mais avec des nouveautés (des petites, d’autres plus conséquentes) qui rafraîchissent les mécaniques de jeu et améliorent le feeling des combats.
Tactical-RPG oblige, vous évoluez dans des cartes fermées et quadrillées. L’objectif est clair : décimer vos adversaires. Pour cela, il faudra créer le groupe de bataille le plus puissant, mais aussi le plus polyvalent afin de palier toutes les éventualités.
D’autant que l’intelligence artificielle semble avoir été dopée en comparaison du jeu de base, puisque les ennemis n’hésiteront plus à taper directement dans les faiblesses et à vous mettre en grande difficulté. En même temps, cela se comprend, puisque les petits ajouts dont je parlais plus haut vous permettent, vous aussi, d’avoir une stratégie plus affinée que le jeu de base.
En parlant de stratégie, le jeu vous propose des mécaniques et outils très adaptés pour vous permettre de créer votre armée ultime. Vous pourrez recruter énormément de personnages (certains par le scénario, d’autres aléatoirement), et jouer avec les différentes classes afin de combiner les talents et d’assurer sur le terrain.
Terrain qu’il faudra également analyser afin de bien placer ses soldats. Ainsi, les archers seront plus efficaces en hauteur, les soigneurs devront être mieux protégés par les reliefs car avec peu de vie, les chevaliers seront plus efficaces sur des zones planes, d’autres peuvent encore survoler une partie de l’arène, etc.
Pour vous aider, vous devrez bien entendu bien équiper vos personnages, mais également bien connaître leurs compétences de jeu. Certains pourront « pousser » d’une case un ennemi, ce qui peut être avantageux pour le faire tomber dans un piège. D’autres vous permettront de contourner un danger, de soigner en même temps, de faire des dégâts de zones…
Il y a donc tout un tas de paramètres à prendre en compte (ce qui est bien pour un Tactical, on n’en doute pas), mais ces mêmes paramètres se combinent à merveilles entre eux, ce qui offre une diversité de jeu et un côté permissif très agréable. Encore une fois, on sent bien que le jeu n’a pas perdu de sa superbe et on comprend bien pourquoi Square a choisi celui-ci pour en faire un remaster.
Personnellement un des points qui m’a le plus séduit. J’ai vraiment eu la sensation de retrouver un Final Fantasy Tactics Advance de mon enfance. La carte du monde, les jobs, l’ambiance des maps de bataille… La direction artistique de Tactics Ogre : Reborn est solide, et donne un sacré cachet à l’ensemble.
Certains y verront les prémices d’un « Ivalice Alliance », qui est un univers que j’affectionne particulièrement. Pas tant sur son histoire, qui m’intéresse peu, mais sur son aspect esthétique que je trouve furieusement efficace. Il s’agit d’un type de visuel « fantasy » que j’aime beaucoup.
La bande son se joint à merveille à ce lore et propose des pistes de qualités qui font très bien le job. Les deux mêlés, on se retrouve avec un jeu qui possède une très bonne ambiance sonore et graphique.
Tactics Ogre : Reborn est un plaisir à savourer. Certes pour les nouveaux venus qui le découvriront, mais avec une toute autre saveur pour les vieux de la vieille qui avaient déjà fait le titre auparavant (import ou émulation). Avec un scénario fort et bien construit, des mécaniques de jeu solides et ce goût particulier qui conduira aux Final Fantasy Tactics, il n’y a pas de doute quant à sa finition et sa qualité. Les efforts fournis sont plus que convaincants et les améliorations techniques « made in 2022 » sont plus que bienvenues. C’est un pari réussi pour Square qui, après un Triangle Strategy de haute volée, fourni ici un nouveau titre avec un grand souci du détail.