En 2019 déjà, lors de la sortie initiale du titre, Outward avait certes clivé, mais surtout brillé par les mécaniques proposées et par l’envoûtement de son univers. Plutôt axé pour les joueurs exigeants, il revient aujourd’hui dans une Definitive Edition que je vous conseille d’acquérir de ce pas si vous êtes amateurs du genre. En revanche, et je vous le dis d’emblée : il faudra passer par la case du « pardon » sur le plan technique avant de profiter de ses (nombreuses) qualités.
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
Seul, envers et contre tous !
Se plonger dans Outward, c’est d’abord accepter de plonger en terre inconnue. D’ailleurs, le jeu ne se prive pas pour vous le rappeler en permanence. Tout ce que vous saurez en débutant une nouvelle partie est que votre navire, de retour d’un long voyage, s’est échoué non loin de votre village d’enfance. Heureusement, vous êtes toujours vivant, ainsi que quelques uns de vos camarades, mais tous n’ont pas eu cette chance.
Très vite, vous parviendrez à regagner votre village natal. Problème : vous vous attendez à un accueil chaleureux et douillet et vous trouvez en réalité une foule, furieuse que vous n’ayez toujours pas payé votre dette de sang. Car dans les traditions de votre hameau, les petits-enfants paient toujours les crimes de leurs ancêtres. Ce n’est pas l’individu qui est puni d’un crime mais toute sa lignée.
Ledit voyage en bateau était un moyen de payer enfin cette dette, mais malheureusement, le naufrage en aura décidé autrement. On vous laisse donc 5 jours pour trouver l’argent nécessaire et payer votre dû, sans quoi de plus gros problèmes viendront d’ajouter à vos tourments.
Ainsi donc débute le jeu. Si cette histoire de dette est surtout un prétexte pour vous envoyer explorer le monde environnant (vous pouvez la payer ou non, le jeu se poursuivra tout de même), vous comprendrez très vite que l’objectif principal n’est pas ici le scénario, étant donné qu’il y en a presque pas. Certes, il y a des quêtes à réaliser qui vous indiqueront des bribes d’historie sur l’univers du jeu, mais il faut avant tout comprendre que Outward vous incite à écrire vous-même votre propre légende, en faisant vos propres choix.
C’est d’ailleurs pour cette raison indirecte que l’avatar que nous incarnons est un(e) illustre inconnu(e). Ici, pas de grande prophétie ou d’élue des dieux… Non. On vous lâche sur un terrain de jeu en monde ouvert, et c’est à vous de l’explorer comme bon vous semble, en faisant évoluer votre héros comme vous le voulez, et en tentant de survivre dans ce monde hostile.
I’m a survivor !
Et dire que le monde d’Outward est hostile, c’est peu dire. D’autant que les mécaniques du titre accentuent encore plus cette sensation d’être proie dans ce monde dangereux. En effet, le titre propose et impose des mécaniques dites « de survie ».
Comprenez par là qu’il faudra gérer sa faim, sa soif et son sommeil afin de ne pas se retrouver dans des situations délicates. Ainsi, vous pourrez par exemple récolter de l’eau de mer. Mais vous vous doutez bien que la consommer telle quelle vous fera plus de mal que de bien. Il faudra donc veiller à l’assainir avant de la boire. Idem pour la nourriture.
Le sommeil sera également un élément de gestion, puisqu’il faudra veiller à ne pas en manquer et, surtout, à passer des nuits de qualité. Le jeu est conçu de telle sorte que vous puissiez vous trimballer avec uns ac de couchage sur vous. Dès que vous trouvez un endroit qui vous convient, vous pouvez installer votre bivouac temporaire et vous reposer. Il faudra prendre garde toutefois, car vous pouvez très bien être attaqué de nuit.
Il est vraiment très satisfaisant de trouver un panorama magnifique et d’avoir la joie de se dire : « ce soir, je dors ici ! ». Cela renforce encore un sentiment d’immersion déjà très fort. De plus, cela permet de mieux connaître son environnement, puisque après avoir installé son camp, il faut aller explorer un peu les environs pour récolter de la nourriture et voir si un danger ne se profile pas à l’horizon.
Autre type de mécanique qui risque de désorienter (littéralement) : le fait que la carte du monde n’indique pas où vous vous trouvez. Cela signifie que vous devrez vous repérer sans vraiment savoir où vous êtes précisément sur la carte. A vous donc de trouver des éléments (temple, montagne, croisements, etc.) afin de vous localiser au mieux. Si cela est très perturbant au début, on prend vite le pli et on sent bien que cela ajoute encore un petit plus au côté immersif de l’aventure.
Enfin, dernière « grosse » mécanique de l’aventure devant laquelle vous ne pourrez vous effacer : la gestion de l’inventaire, et du poids plus précisément. Le jeu met un point d’honneur à vous faire ressentir le poids de vos collectes. Vous aviez l’habitude d’amasser à tout-va dans les autres jeux ? Point de cela céans ! Au bout de trois bouts de bois et de deux potions, vous êtes en surcharge.
Il faudra donc concevoir un sac à dos capable de transporter le reste de vos victuailles. Mais cela pose alors un autre problème. Car même si crafter un sac vous permet de vous déplacer un peu plus librement, ce dernier est tout de même encombrant pour les combats, notamment pour les roulades. Il faudra donc prendre l’habitude de laisser tomber votre sac à terre (une touche suffit) le temps du combat avant de revenir le reprendre une fois la joute terminée.
Cela dresse donc un tableau tout à fait appréciable. Le seul gros point noir pour ma part étant que si Outward est un bon jeu mélangeant survie et RPG, il pêche par sons système de combat trop classique et peu diversifié. Cela n’est pas une tare en soi mais autant que vous le sachiez, ce jeu ne se joue pas pour le côté action, mais plus pour le côté survie/gestion.
Bien entendu, la direction artistique et les choix effectués plairont ou déplairont selon les goûts et les couleurs. D’autant qu’il est vrai que, techniquement, le jeu n’était déjà pas à la pointe lors de sa sortie initiale. Pour ma part, j’accroche carrément à ce type de fantasy et d’univers. C’est assez classique, mais avec ce qu’il faut là où il faut. Les panoramas sont à couper les souffle pour la plupart et le soin apporté à l’ambiance jour/nuit/feu de camp a fonctionné sur moi.
Il faut bien entendu rajouter à cela une OST qui fait plus que le boulot, car les différentes pistes s’accordent à merveille avec l’univers et savent déclencher des moments d’accalmies pour profiter du paysage. C’est assez rare pour le souligner, mais Outward est presque à la limite d’un jeu contemplatif, pour celui ou celle qui saura en apprécier la valeur.
Outward : Definitive Edition est un titre particulier qui ne touchera pas tous les cœurs. Toutefois, si vous êtes en manque d’un RPG d’ambiance qui met en avant l’adage que le plus important, ce n’est pas la destination mais le voyage, alors vous serez ravi avec ce titre. Certes techniquement un peu en retrait, il propose assez de mécaniques convaincantes qui s’emboîtent bien les unes aux autres pour former une expérience plus que satisfaisante. On pestera contre un système de combat plutôt lent et répétitif, qui donne parfois envie de plus éviter les confrontations que de s’y plonger à corps perdu, mais c’est vraiment un faible prix à payer pour profiter de tout un univers qui nous laisse écrire notre propre histoire.