Petite étrangeté annoncée récemment, Stranger of Paradise Final Fantasy Origin tente de revisiter le lore et l’univers du tout premier épisode, mais avec une teinte plus sombre et plus mature que l’original. Que cela soit en terme de mécaniques de jeu ou en terme de narration, tout a changé ici. Il en ressort une oeuvre plutôt curieuse qui fait du bon… Et du moins bon…
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
From Garland to Chaos !
Stranger of Paradise nous place dans la peau de Jack, un personnage auréolé de mystères au début de l’aventure. On ne sait véritablement qu’une seule chose de lui : il veut trouver et tuer Chaos, une entité maléfique responsable de tous les malheurs du monde. Pour ce faire, il fera équipe avec deux autres alliés, Ash et Jed, et se mettra en quête de l’infâme adversaire.
Au fil du jeu, vous vous en doutez, l’histoire va s’étoffer et il va s’avérer qu’abattre Chaos implique beaucoup d’autres choses, notamment en rapport avec une prophétie, celle des quatre guerriers de la lumière, et des cristaux élémentaires (Feu, Eau, Vent Air). En effet, le monde est en déclin, et seule l’accomplissement de la fameuse prophétie peut ramener l’ordre.
Pointons du doigt tout de suite l’éléphant qui se trouve dans la pièce : l’écriture est probablement le point le plus faible du titre. Celle-ci propose des dialogues niais (pour ne pas dire étranges pas moment), prévisibles à souhait et d’une manière générale reflète une pauvreté scénaristique.
Il faut rajouter à cela les comportements, souvent très clichés, de nos héros. Je pense que vous aurez déjà vu ou entendu sur le net cette fameuse scène où Jack quitte la salle du premier gros boss en écoutant du Limp Bizkit, juste pour que la piste ne se coupe moins de 5 secondes après dans la scène suivante. Je trouve, sans vouloir être vraiment méchant, qu’il s’agit ici d’une forme de racolage plutôt mal amené. Du style : « Hey, regardez, on fait d’jeuns ! FF XV avait Stand by Me, et nous, on à Limp Bizkit et My Way ! ». Et le jeu est truffé de scènes de ce genre assez maladroites.
Bref, l’écriture du titre est classique et peine à être intéressante. Les dialogues et les comportements brisent souvent la mise en scène, pas pour le meilleur malheureusement. Et même s’il est appréciable de retrouver le lore, les lieux et l’univers du premier opus, il faut se rendre à l’évidence : vous n’achèterez probablement pas Stranger of Paradise pour son histoire, mais bel et bien pour son côté « Nioh-like », point sur lequel il se défend NETTEMENT mieux.
Et tu farmes, farmes, farmes, c’est ta façon d’looter !
Les mécaniques de jeu et le système de combat sont les principales raisons qui vous feront craquer pour le titre. Si vous êtes connaisseurs de la licence Nioh, vous ne serez pas dépaysés. Nous avons ici un jeu Action-RPG qui privilégie un dynamisme constant et une prise en main plutôt élaborée pour donner aux joueurs la possibilité de jongler entre plusieurs styles de jeu.
Pour ce faire, le titre mise sur plusieurs points précis. Tout le sel du jeu tourne autour des « Jobs », bien connus des fans de la licence. Pêle-mêle, on peut citer le mage noir (et les autres), le Ninja, le Surineur, le Pugiliste, etc. Tous ces jobs proposent un style de jeu différent et des compétences différentes. Le jeu vous autorise d’ailleurs à jongler entre deux jobs à la volée, ce qui fait que vous pouvez passer pas mal de temps à tester les combinaisons possibles et trouver le duo de classes qui vous convient le mieux.
Ce n’est pas tout, puisque chaque job possède son arme propre et diverses pièces d’équipement (la tête, le torse, l’accessoire, etc.). Si plusieurs pièces d’armures conviennent à plusieurs classes, les bonus d’attributs que ces dernières confèrent peuvent être plus favorable à l’une qu’à l’autre. On peut donc se retrouver avec deux bracelet identique, mais l’un favorisera le Surineur, tandis que l’autre conviendra mieux au Mage Noir.
Et c’est là un autre principe du jeu : faire les niveaux, et ne pas hésiter à les refaire, car il est possible de looter (avoir un certain pourcentage de chance de tomber sur un objet précis une fois un monstre tué, ndrl) des armes et armures différentes avec plus ou moins de bonus. Les récompenses changent en fonction du niveau de difficulté que vous avez choisi en jeu. Personnellement, j’ai choisi le mode Frénésie, qui me convenait bien car assez exigeant, mais pas non plus insurmontable.
Résumons ! On choisit ses jobs, on essaye de farmer le meilleur équipement, et après ? Après, au fur et à mesure des combats, on monte en niveau de classe, et il devient alors possible d’accéder aux arbres de compétences. Ce sont eux qui vous permettront, en y dépensant des points, de déverrouiller de nouveaux combos et de nouvelles attaques, ou des compétences passives.
Au final, on se retrouve, en peu de touches, à pouvoir effectuer des combos très satisfaisants qui peuvent faire de gros ravages sur le champ de bataille. Certaines attaques font très mal à la jauge de vie de l’ennemi, et d’autres sont plus pensées pour endommager la « jauge de rupture ». Dérivée de la « jauge de Choc » de Final Fantasy XIII ou plus récemment de la « jauge de Garde » de Sekiro, cette jauge représente la défense de l’ennemi.
Une fois son seuil atteint, l’ennemi est étourdi, et il devient alors possible de le tuer instantanément, à la manière d’un Fatality. Bien entendu, les boss du jeu reposent sur cette mécanique, et possède plusieurs seuils à atteindre avant de les mettre définitivement en déroute.
On se retrouve donc devant un titre qui proposent un gameplay et des mécaniques très grisantes et un modèle sérieux, pour celles et ceux qui aiment comboter, farmer et looter pour obtenir le meilleur équipement possible. Il est vraiment dommage que la narration ne suive pas, car pour le reste, Stranger of Paradise se défend plus que bien.
Probablement le point le plus clivant. Personnellement, je ne suis vraiment pas fan de cette direction artistique. Pas parce qu’elle est « moche » ou autre, mais plutôt car je trouve qu’il y a un trop grand décalage entre celle-ci, les personnages, les dialogues et une forme de bestialité qui peine à garder une cohérence.
Au final, j’ai eu l’impression que le jeu ne savait pas vraiment sur quel pied danser. Un peu comme s’il ne s’assumait pas pleinement. Qui est-ce qu’on séduit, se demande le titre ? Les fans de Dark Souls ? Les fans de Nioh ? Les fans de FF ? Il en ressort un mélange qui en ravira probablement certains, mais qui, pour ma part, n’a pas eu l’effet escompté.
La bande-son n’est pas en reste, puisque si de manière générale, l’OST est réussie et parvient à donner du corps aux donjons et aux combats, les quelques musiques « empruntées » font rebasculer le jeu dans un cadre niais et en trop grand décalage avec ce qu’il essaye de nous raconter. C’est dommage sur l’enrobage. Mais heureusement que le jeu se rattrape sur son système de combat.
Stranger of Paradise Final Fantasy Origin est un titre en demi-teinte. Concrètement, vous serez déçu si vous escomptez trouver un titre narratif puissant issu de la grande lignée Final Fantasy. De ce point de vue là, il peine à être convaincant, et propose des situations et des dialogues qui tantôt font mouches, tantôt tombent à l’eau en étant trop en décalage avec le reste. En revanche, si vous recherchez un titre proposant un système de jeu plus que réussie, que vous aimez le loot, les combos et une diversité de gameplay grisante et nerveuse, alors vous trouverez votre bonheur. En résumé, on pourrait boucler la boucle par une phrase plutôt facile, mais qui clôturera fort bien cet article : Stranger of Paradise est un très mauvais Final Fantasy, mais un très bon Nioh-like !