Jolie surprise de la part des équipes de NIS, qui nous livre aujourd’hui un titre à la saveur particulière, qui n’est pas sans rappeler un certain Child of Light. Direction artistique soignée, mécaniques classiques et bienveillance assumée : The Cruel King and the Great Hero est le titre parfait pour faire découvrir le genre du J-RPG aux plus petits… Qui maîtrisent l’anglais !
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Nintendo Switch offerte par l’éditeur !
Un conte attendrissant !
The Cruel King and the Great Hero nous place dans la peau de Yuu. Elle est la fille du Grand Héros de la légende qui s’était autrefois battu contre le Roi-Démon. Aujourd’hui, elle vit avec le Roi-Dragon qui l’élève comme sa fille adoptive. Yuu est la seule humaine dans ces contrées peuplées de monstres. Oui, des humains vivent ailleurs, mais tout le monde prend bien garde de ne jamais se rencontrer.
Yuu est jeune, Yuu est insouciante, et Yuu veut surtout ressembler plus que tout au héros des légendes et rêve d’aventures. Comment pourrait-il en être autrement lorsque, chaque soir, le Roi-Dragon lui conte des récits héroïques et chevaleresques ?
Fidèle à elle-même, elle part sur les chemins, jour après jour, pour aider celles et ceux qui sont dans le besoin. Mais le Roi-Dragon, constamment inquiet, ne rate pas une occasion de la suivre de loin, caché dans les fourrés. Il est d’ailleurs adorable de le voir dans les arrières plans des combats, veillant au grain. Et lors de l’utilisation d’une technique, il encore plus adorable de le voir enflammant l’épée de Yuu qui, elle, croit qu’elle s’est embrasée par magie.
La « quête de l’héroïne » de Yuu va la mener à explorer cet univers enchanteur à la direction artistique du plus bel effet. L’objectif sera donc d’aider le plus de monde possible (ce sont les quêtes annexes) ou de suivre le cours du scénario principal. Se revendiquant d’un classicisme assumé, le titre joue jusqu’au bout la carte du conte de fée dirigiste. D’ailleurs, une voix off viendra narrer en permanence les grandes avancées de l’intrigue.
Il est dommage que le jeu ne soit pas traduit en français, car la première réflexion qui m’est venue en tête en jouant était : « Bordel, ce jeu serait parfait pour faire découvrir le J-RPG à un(e) petiot(e) ! ». Les mécaniques sont simples, l’histoire possède une plume très convaincante et l’enrobage du titre est sublime. Mais le jeu est sous-titré anglais (doublé en japonais).
Ce qui fait que les francophones mal à l’aise avec l’anglais ne comprendront pas pourquoi ils devraient se sentir visés par cet opus. C’est dommage, car l’aventure, qui propose quiétude et bienveillance, est une bouffée d’air, le soir, sur son canapé, au coin du feu.
Preeeendre un joueur par la main…
Derrière la petite boutade du titre de cette section se cache en réalité le résumé grossier de l’entièreté du jeu. The Cruel King and the Great Hero est une oeuvre qui prend par la main le joueur du début à la fin, que cela soit dans ses mécaniques d’exploration ou de combat.
C’est donc toute une série de tutoriel qui interviennent régulièrement pour nous expliquer les diverses mécaniques. Pour ma part, ils sont trop nombreux et deviennent vite agaçant, mais pour un plus jeune, je suppose qu’ils sont bienvenus et plus qu’utiles.
Nous sommes donc face à un tour-par-tour extrêmement classique. Rappelons que le titre a vocation à être découvert par des plus jeunes, et autant le dire tout de suite : il fait remarquablement bien le travail, hormis sa non-localisation comme je l’évoquais plus haut. Point de grande envolée ici, puisque la plupart des actions se contentent de la caisse à outil de base du J-RPG, à savoir attaquer, utiliser une compétence, se défendre et utiliser un objet.
Simple, certes, mais pas forcément facile. En effet, on a tôt fait de se faire surprendre dans certaines zones face à des monstres que l’on pensait plus faibles, et qui en réalité, nous déciment en quelques coups. C’est une des premières leçons du jeu : penser à toujours avoir du soin sur soi, et prendre le temps de faire les quêtes annexes, ne serait que pour les équipements utiles qu’elles peuvent offrir en retour.
Pour le reste, la progression se déroule en alternant entre les visites de villes pour déclencher des quêtes et s’équiper en conséquence, et l’exploration de donjons, où l’on mettra à l’épreuve les talents de notre équipe. Là encore, l’optimisation est de mise pour ne pas se retrouver dépourvu en cas d’apparitions de monstres massives. Ces quêtes sont l’occasion de nous faire connaître les divers monstres qui peuplent le village principal et d’en apprendre plus sur leurs us et coutumes.
Pourtant, c’est là que peut venir frapper un des premiers bémols que je pourrais faire au jeu : il est d’une grande redondance. L’exploration se faisant par tableau fixe est très dirigiste et les écarts soit peu permis, soit peu récompensés. De plus, les combats étant assez classique, il est difficile d’y trouver un renouvellement frais sur le long terme, ce fait que les combats peuvent vite devenir répétitifs.
En comparaison, il me vient en tête cet autre titre qu’est Paper Mario : Origami King, qui tente la même expérience mais avec une dynamique plus solide et plus participative de la part du joueur. Rien de bien méchant en soi, mais il est vrai que si cela peut être agréable de se faire prendre par la main un temps pour s’habituer aux codes du jeu, on constate vite que le titre ne nous lâche jamais vraiment, à des moments où, justement, on chercherait une ébauche d’émancipation.
Le plus grand point fort du jeu selon moi : sa direction artistique. Voir ce monde superbement dessiné et voir Yuu et ses compagnons évoluer dans ce grand livre de conte de fée est juste sublime. Cet aspect livre est renforcé par une teinte qui tire sur le sépia quasi-permanent et qui donne un cachet certain au jeu. Les animations très réussies renforcent encore plus ce constat.
La bande-son n’est pas en reste, puisque les musiques accompagnent à la perfection cet univers enchanteur. Bienveillantes à l’image du jeu, elles tournent le plus souvent autour des cordes fines (violon en tête) et plus classiques (guitare). Bref, nous avons-là un petit bonbon rafraîchissant qu’il est plus qu’agréable de parcourir le soir au coin du feu, malgré ses petites anicroches qu’on lui pardonne volontiers.
The Cruel King and the Great Hero est, comme je le disais plus haut, un petit bonbon sucré qu’il est très appréciable de déguster et que l’on prend plaisir à parcourir. Malgré son défaut d’être redondant et de ne proposer que peu de nouveautés en terme de gameplay, il parvient à séduire. On pourrait le résumer en une phrase simple : il fait peu, mais il fait bien, et c’est une très jolie surprise de la part de NIS que de se tenter à ce type d’aventure. Pour un éventuel prochain opus, il ne serait pas de refus de trouver des mécaniques de jeu plus participatives et, surtout, d’y apporter une traduction française pour éviter de se couper d’une partie du public-cible.