Les jeux Marvels n’ont pas vraiment le vent en poupe. Après un « Avengers » boudé par la plupart des joueurs, c’est au tour d’Eidos Montréal de s’essayer à l’exercice en proposant son interprétation des Gardiens de la Galaxie. Ici, pas de multijoueur, pas de farm, pas d’excès, mais plutôt une aventure solo, linéaire, et dont la narration se rapproche beaucoup plus d’un blockbuster cinématographique. Voyons un peu ce qu’il en retourne !
Cette critique a été réalisée à partir d’une version Playstation 5 offerte par l’éditeur !
Le titre nous place aux commandes de Star-Lord, l’un des Gardiens et accessoirement leur leader. Le petit groupe vit au gré du vent (plutôt des étoiles) et cherche désespérément un moyen de s’enrichir pour se la couler douce. Pour cela, les Gardiens osent un pari un peu fou : celui de faire main basse sur une créature rare pouvant être revendue à plusieurs milliers d’unités. Petit souci, ladite créature se trouve dans une zone de quarantaine, donc interdite à de vulgaires vagabonds comme nos héros.
Vous vous en doutez, tout ce ne va pas se passer comme prévu, et les choses vont même aller en empirant. Arrêtés par les forces de l’ordre et condamnés, les Gardiens vont devoir s’acquitter d’une énorme dette afin de pouvoir reprendre la route.
Bon, là encore, les choses vont clairement dégénérer, car on se doute bien qu’un blockbuster Marvel ne va pas se contenter de narrer une bête mission d’intérêt général. Bien entendu, il y aura du gros boss, du laser, du vaisseau spatial, des explosions et des créatures étranges. Et surtout : des blagues ! Oui, le titre joue la carte de la comédie, à l’instar des films, et parvient à taper souvent juste, même si certaines blagues tombent clairement à l’eau. En même temps, l’exercice n’est jamais simple dans un jeu vidéo.
Le scénario du titre se veut donc d’une grande simplicité. Comme les films en réalité. Un grand méchant, des traîtres, des Gardiens parfois idiots (comme Drax) qui tombent délibérément dans des pièges, des mentors à surpasser… Bref, nous sommes ici dans un « récit du héros » tout ce qu’il y a de plus simple et prévisibles. En vérité, si vous devez craquer pour Guardians of the Galaxy, ce n’est pas vraiment pour son histoire, mais plutôt pour les interactions qui prennent place entre les différents protagonistes.
Car oui, le jeu se veut tantôt très drôle, tantôt intimiste en proposant des séquences et des dialogues qui approfondissent les passés des personnages. On prend beaucoup plus de plaisir à suivre « les héros » plutôt que le scénario en lui-même. Personnellement, c’est plutôt un point fort, puisque j’ai toujours trouvé Marvel plutôt fainéant dans ses approches scénaristiques. Voir que le jeu réussit très bien ses personnages et les interactions qui en découlent était donc une jolie surprise pour moi qui m’attendait à un surjeu un peu lourdingue en plus d’un scénario creux. Heureusement, il n’en est rien ! D’ailleurs, les interactions, il faut vraiment les aimer, car le jeu est bavard… Très bavard ! Alors si d’emblée vous n’accrochez pas à la dynamique de groupe des héros, le reste du jeu sera un véritable supplice pour vous. Soyez averti !
Le choix logique pour un titre de cet acabit est de partir sur de l’action à la troisième personne. Si j’avais certaines inquiétudes quant à l’exécution de ces mécaniques, je dois avouer que manette en main, j’ai trouvé le tout très fluide et immersif. Star-Lord possède deux armes à feu qui peuvent tirer en boucle. régulièrement, l’arme surchauffe et vous devez donc attendre un petit moment (quelques secondes à peine) avant de pouvoir vous remettre à canarder comme un taré.
La base est donc celle-ci, et au fur et à mesure de votre progression, d’autres mécaniques, de plus en plus intéressantes, viendront s’ajouter pour pimenter un peu plus l’exploration et les combats. Très vite, vous apprendrez à utiliser à bon escients les différents pouvoirs de vos collègues Gardiens. Ah oui, petit précision : vous ne contrôlerez que Star-Lord durant l’intégralité du jeu. Drax, Gamora, Groot et Rocket vous accompagneront en tant que soutien uniquement.
Cependant, rassurez-vous, leurs capacités et pouvoirs vont devenir très vite indispensables tant les combats, contre seulement quelques ennemis au début, prendront vite des allures de mêlée générale. C’est d’ailleurs un point qui ne plaira pas à tout le monde, dans le sens où, parfois, c’est un véritable bordel qui prend place à l’écran et qui peut gêner la visibilité. Si bien que souvent, il est possible de s’en sortir en bourrinant au hasard et en spammant la touche du corps-à-corps.
Pour le reste, Guardians of the Galaxy propose des mécaniques d’exploration tout ce qu’il y a de plus classique dans un jeu solo en 2021. En vérité, la progression se rapproche assez d’un Uncharted ou d’un Tomb Raider (le reboot de 2013 ou Rise éventuellement, Shadow, lui, étant plus ouvert). Nous sommes donc face à de fausses zones qui peuvent, de temps en temps, proposer un semblant d’exploration (type des grottes annexes) qui abritent des tenues à débloquer ou d’autres petits trésors.
La progression se veut donc très classique. On arrive dans une zone, on explore un peu, on tombe dans une arène avec combat, on reprend les mêmes et on recommence. Régulièrement, vous trouverez des établis (très à la mode en ce moment), afin de dépenser les ressources que vous aurez dénicher çà et là afin d’améliorer vos capacités et vos armes. Je n’ai pas grand chose à en dire, si ce n’est qu’il s’agit d’éléments de Lite-RPG plutôt classiques, mais qui font le boulot correctement.
L’exploration tente de se dynamiser d’elle-même en vous faisant interagir avec les Gardiens pour débloquer de nouveaux chemins. Groot peut par exemple créer un pont de racines. Rocket, lui, peut pirater un verrouillage de porte, Drax soulever des objets lourds, etc. C’est assez sommaire dans la conception. D’autant plus que vers la fin du jeu, on ne vous demande même plus de donner vous-même les ordres : les Gardiens s’en chargent automatiquement. C’est dire si ce concept de « donner des ordres » est très superficiel. On s’en remettra plutôt aux multiples choix de dialogues qui s’offrent à nous tout au long du jeu pour s’amuser à étoffer les conversations durant l’exploration.
D’une façon globale, et même si on voit les ficelles un peu grossières qui animent l’univers et les codes du jeu, on prend quand même plaisir à suivre le groupe, un peu à la manière de les regarder sur grand écran. Et même si la progression est très prévisible, c’est quand même très cool d’enchaîner les combats, de planer au dessus des ennemis en bourrinant comme un fou pendant que Groot bloque les ennemis au sol et que Rocket fait exploser des mini-bombes.
Pour moi un point fort du titre. La direction artistique, qu’elle soit visuelle ou sonore, est clairement ce qui devrait vous faire succomber. La patte visuelle fait vraiment voyager visuellement, et si on peut regretter que quelques zones manquent parfois de diversité, le reste des décors et des lieux visités restent en mémoire. De la science-fiction « pop » et « flashy » comme l’esthétique des films avait pu en produire.
Alors rajoutez à cela une bande-son absolument folle, n’hésitant pas à taper dans des classiques des années 80-90, et vous obtenez un univers riche, plaisant à parcourir et qui se veut être régulièrement un régal pour les yeux et les oreilles. L’effort est à saluer, car il n’est pas toujours évident de trouver un équilibre entre deux mondes souvent très différents.
Guardians of the Galaxy est une jolie « petite » surprise qui se déguste gentiment et doucement. Il y a vraiment cette impression de ramener l’expérience des salles obscures à la maison. L’humour fait souvent mouche et la direction artistique fait des merveilles. Le système de combat se veut plus profond et dynamique que ce que l’on pourrait penser et les interactions entres les Gardiens, qui représentent tout le sel du jeu, font du titre une expérience assez délicieuse. Pour autant, il convient de souligner que si les fans de la saga Marvel y trouveront leurs comptes et prendront plaisir à suivre cette aventure là, d’autres n’y verront qu’un énième jeu solo qui ne renouvelle pas les codes du genre et reste dans un certain classicisme convenu. On sent la recette Eidos aux manettes. Personnellement, et même si le titre reste de qualité, j’aurais préféré un contenu un peu plus fourni et des mécaniques moins « mainstream », même si je suppose que ce choix a été fait pour séduire le plus grand nombre. Un joli bonbon à déguster en somme, mais qui ne calera pas tout le monde !