Connaissez-vous le « deckbuilding » ? Derrière cette appellation qui peut faire peur se trouve en réalité des mécaniques de jeu assez inventives. C’est ce que nous propose Hero Realms, un jeu de cartes qui m’a initié (justement) au deckbuilding, et je m’en vais aujourd’hui vous parler de de ce jeu de table plutôt intrigant. Prenez place !
Cette critique a été réalisée à partir d’un exemplaire offert par l’éditeur IELLO Games !
Âge : 12 ans et + – Durée de jeu : ~20 min. – Joueurs : 2 à 4 joueurs
Deckbuilding : kézako ?
Hero Realms m’a donc introduit au deckbuilding. Résumons… Je connaissais déjà les titres dits « classiques », du type Hearthstone, Magic et autre Pokémon JCC, et je pensais voir en ce jeu de cartes une énième déclinaison pompant allègrement dans l’héroïc-fantasy. Il n’en est rien, en réalité. En fait, c’est même tout le contraire de ces jeux-là, puisque le principe du deckbuilding n’est pas de construire son deck en amont pour le tester ensuite contre d’autres joueurs, mais bien de le construire « en même temps » que les autres joueurs.
La notion est importante, puisque cela signifie que tous les participants débutent une partie avec les mêmes cartes de départ (il y a des spécificités liées à des « DLC », mais on verra cela plus tard). On commence tous avec dix cartes. Par la suite, il faudra en acquérir de nouvelles au sein d’un marché commun en dépensant intelligemment vos pièces d’or.
Une fois vos cartes jouées, vous les défaussez. Toutefois, il convient de prendre en compte qu’ici, le terme défausse n’est pas péjoratif, il est même au cœur du jeu. Comme vous avez peu de cartes, vous allez vite les défausser. Très vite, vous n’aurez plus de cartes à piocher. C’est là qu’il faudra reprendre votre pile de défausse, la mélanger et la replacer comme nouveau deck de départ.
Entre temps, vous aurez fait de nouvelles acquisitions, et chaque nouvelle carte est défaussée directement. De fait, cela implique que votre deck grossit de cartes en cartes, et à chaque fois que vous vous réattribuez votre pile de défausse, votre deck devient de plus en plus puissant. À partir de là, votre objectif sera d’épuiser les points de vie de vos adversaires, ce qui sera plus ou moins simple selon les stratégies que vous emprunterez.
Des combos qui font du bien !
Le sel du jeu repose sur votre faculté à réaliser des combos. Pour commencer, il faut savoir qu’il existe trois types de cartes : les objets, les actions et les champions. Les objets et les actions sont des cartes à effet immédiat et/ou qui peuvent vous rapporter de l’or. Les champions, eux, sont les combattants du jeu. une fois sur le terrain, il n’en bougent plus. Eux aussi peuvent avoir des effets sympas, répétables à chaque tour sous certaines conditions.
Au delà des trois types de cartes se placent plusieurs couleurs différentes (Jaune, Rouge, Vert, Bleu …). Ces couleurs correspondent aux alignements des actions, des objets et des champions. Vous vous en doutez, les cartes bleues « combotent » facilement avec les bleues, les rouges avec les rouges, etc.
Au début du jeu, nous achetons les premières cartes selon l’or disponible et ce que le marché nous propose (cinq cartes en permanence et les cartes achetées sont immédiatement renouvelées). Les premiers tours sont donc des tours « opportunistes », puis le but devient ensuite de faire émerger une stratégie de couleur. Dans les faits, les premières parties sont déroutantes, mais une fois l’habitude installée, le tout va assez vite et les parties s’enchaînent à un bon rythme.
Petit à petit, le deck fait son nid !
Chaque joueur démarre avec des cartes précises. Des pièces d’or, deux actions qui peuvent blesser un adversaire et une gemme de feu qui rapporte deux en or au lieu d’un. Le premier pioche trois cartes, le second quatre, le troisième cinq. Au milieu de la table se trouve « la rivière ». Il s’agit de cinq cartes qui sont achetables par n’importe qui en a les moyens. Une énorme pioche commune se trouve juste à côté, c’est cette pioche qui alimente la rivière. Dès qu’une carte est achetée, on la renouvelle directement.
Le premier joueur peut poser ce qu’il veut sur la table. Les cartes n’ayant pas de coût, il est possible de les poser directement sur le champ de bataille. Généralement, c’est l’or que l’on pioche en début de jeu, et on en profite pour acheter nos premières cartes que l’on défausse dans la foulée. Le joueur suivant joue, et ainsi de suite. Tout le monde achète, tout le monde défausse, et jusque là, tout va bien.
Puis, arrive le premier « roulement ». Lorsqu’un joueur ne peut plus piocher dans son deck personnel, il réinvestit sa défausse en la mélangeant, et ça repart. Ce nouveau deck est donc légèrement plus puissant que le dernier. Et on repart donc pour un tour. Si on le peut, on achète et pose des champions, et on commence à faire des dégâts aux adversaires.
Bien entendu, d’autres spécificités viennent se greffer aux mécaniques globales. par exemple, il existe des champions qui vous protègent, vous et vos autres guerriers, et qui oblige les opposants à les prendre pour cible (type « Provocation » de Hearthstone). De plus, beaucoup de cartes possèdent deux effets, un « primaire » et un « secondaire ». Selon les coûts, vous pourrez donc déclencher des capacités diverses pour essayer de parer toutes les éventualités.
Ajouts et extensions !
De base, Hero Realms est un jeu qui se suffit à lui-même. Les parties sont dynamiques et tendent à se renouveler souvent, puisque c’est la rivière qui vient apporter cette touche d’aléatoire, notamment en début de jeu. IELLO Games, toutefois, a voulu étoffer son jeu, et propose d’autres extensions et petits ajouts fort sympathique pour essayer d’égayer toujours plus les joutes.
Ainsi, si les decks personnels sont communs à tous au départ, il est par la suite possible d’acheter d’autres genres de decks, qui représentent des héros (voleur, guerrier, clerc, etc.) Ainsi, vous ne commencez plus avec les mêmes cartes que tout le monde, et les stratégies s’en voient impactées. Mieux, les héros possèdent également une capacité spéciale, utilisable une seule ou fois (ou plusieurs fois mais alors moins puissante). Cela permet d’ajouter un peu plus de sel dans vos jeux et de vous frotter à différents héros.
Enfin, au delà des boosters de héros, vous pourrez également trouver des extensions, carrément. Ces boîtes contiennent de toutes nouvelles cartes, de nouvelles règles et des éléments de lore qui permettent de construire une petite histoire dans l’univers d’Hero Realms.
Globalement, et après avoir pu tester le jeu auprès d’un public plutôt varié, le ressenti général sur Hero Realms est plus que positif. La sensation de construire son deck au fur et à mesure de la partie est grisante. De plus, le fait de s’adapter en permanence et selon les retombées de la rivière renforce cette tension qui s’installe au fil des tours et des roulements. Il n’en devient que plus frustrant lorsqu’une carte que l’on désirait apparaît soudain et voir un adversaire se l’accaparer.
Hero Realms est dont une excellente entrée en matière pour découvrir le deckbuilding, et les extensions et petits ajouts qui viennent agrémenter le jeu renforcent encore plus cette impression. En revanche, il est vrai que les cartes du jeu de base combotent souvent avec des cartes de couleurs similaires (ce qui est logique, dans le fond), et cela est assez unilatéral, alors que j’aurai préféré avoir plus de cartes « bi ou tri-couleurs » pour étoffer d’autant les possibilités. Ce n’est pas un frein en soi, mais certains fanas de cartes aux stratégies poussées pourront trouver le système trop simpliste.
Néanmoins, et en plus du reste, il est plaisant de trouver des propositions de jeux multijoueur dans les règles du jeu. En effet, les auteurs vous proposent des règles un brin différentes selon que vous soyez deux, trois quatre, cinq ou six joueurs (mais pour six, il faut un deuxième lot de jeu). Cela permet de varier encore un peu les plaisirs.
Hero Realms est une belle surprise pour moi, alors simple novice en deckbuilding. Le tout fonctionne vraiment très bien. Les mécaniques sont fluides, les cartes sublimes et le renouvellement est constant, surtout si l’on rajoute les extensions et autres boosters de héros. Les connaisseurs axés « hardcore » n’y trouveront peut-être pas leur compte si ce qui les intéressent est une stratégie poussée et complexe, à la limite de la crise de nerf (les pro-Magic, on vous voit). En revanche, pour celles et ceux qui souhaitent découvrir un univers plaisant avec un mode intelligent et un genre de jeu qui tranche un peu avec les standards de cartes habituels, alors Hero Realms pourrait être de ces jeux de cartes qui égayeront vos soirées. Pour ma part, c’est tout vu, maintenant, je m’intéresse de près au deckbuilding ! 🙂