Annoncé lors de l’E3 2019 sous le sobriquet « Gods & Monsters », Ubisoft avait créé la surprise en proposant une nouvelle licence à la direction artistique intrigante. Renommé depuis « Immortals Fenyx Rising », ce nouveau bébé embarque avec lui tous un tas de mécaniques et de codes de progression qui ne laisse que peu de place au doute : un certain Zelda – Breath of the Wild est bel et bien passé par là !

Le titre prend pour scène de théâtre la mythologie grecque, et la narration prend la forme d’une discussion entre Prométhée et Zeus (rien que ça). Prométhée conte alors les aventures de Fenyx, femme ou homme selon votre choix, qui se voit propulsé sur « l’Île d’Or ». Cette terre, d’ordinaire calme et sereine, est désormais mise à mal part l’arrivée de du titan Typhon, qui a pétrifié l’intégralité des mortels.

Il incombe alors à Fenyx de remettre dans l’ordre toute cette pagaille, et de flanquer une raclée au titan par la même occasion. Pour cela, il faudra rencontrer différents dieux et déesses et leur venir en aide au travers de différentes quêtes. Tout ou presque, au long de l’aventure, est accompagné des commentaires de Prométhée et de Zeus, dont même la boîte du jeu est fière d’annoncer qu’il s’agit en fait de la voix de Lionel Astier.

J’ai pu voir passer beaucoup de choses concernant la qualité du doublage du jeu et notamment sur l’humour du jeu qui, pour beaucoup, ne fonctionne pas. En ce qui me concerne… Je trouve que le talent de Lionel Astier n’est pas ici à son apogée. Pas par manque de talent, mais plutôt la cause à une écriture qui ne lui correspond pas vraiment. D’une manière générale, l’écriture ne colle pas vraiment au titre.

Tantôt, les blagues sont grivoises, voire pour un public de jeunes adultes/adultes, et d’autres fois, on a l’impression que les dialogues ont été rédigées pour des enfants. Cet effet en dent de scie rend le tout assez inégal, au point que l’écriture reste « bonne enfant », sans plus. Ubisoft se cherche. Ce n’est pas gênant en soi, mais cela dénote un tâtonnement au niveau de l’écriture qui ne demande qu’à être peaufiné. En l’état, le texte en agacera certains, et rendra indifférent d’autres. Quoiqu’il en soit, il s’agit là d’un point à travailler sur un éventuel deuxième opus.

Rassurez-vous toutefois, car si le sel du jeu n’est pas à son écriture, tout le reste relève nettement le niveau et propose quelques choses, certes avec un air de « déjà-vu » signé Zelda – Breath of the Wild, mais avec néanmoins une patte Ubisoft assumée.

Immortals Fenyx Rising, comme vous avez peut-être dû l’entendre un peu partout, s’est illustré notamment par sa manière de s’inspirer de The Legend of Zelda – Breath of the Wild. Je vais enfoncer directement une porte ouverte : oui, l’inspiration est tout, sauf discrète. Tout comme Zelda, il est possible de tout escalader pour peu que votre jauge d’endurance vous le permette. Tout comme Zelda, esquiver un assaut au dernier moment ralentira le temps pour vous permettre de mieux assaillir vos ennemis. Les dieux à sauver sont au nombre de 4, et les « donjons » à réaliser pour les sauver se nomment des « Cryptes Divines ». Enfin, tout comme Zelda, c’est en récoltant divers items bien précis que vous pourrez ensuite retourner à la Halle des Dieux (le Q.G. de notre héros) pour les échanger contre une amélioration de votre jauge de vie ou d’endurance.

Ainsi est le titre : nous avons vraiment l’impression de faire face à un autre Breath of the Wild. Toutefois, ne résumer le jeu qu’à cet aspect serait une erreur. Certes, la plupart des codes sont repris, mais il faut bien comprendre une chose : si l’on considère que Breath of the Wild a bel et bien changé la recette de l’open-world moderne, il est alors normal (pour ne pas dire logique) que d’autres suivent cette même voie.

Le tout étant de savoir : est-ce qu’Immortals Fenyx Rising le fait bien ? La réponse est ; oui, il s’en sort à merveille ! Il est plaisant de parcourir l’Île d’Or, d’y résoudre les énigmes, de collecter de des tenues et de monter progressivement en puissance. On avance, on explore, on saute, on plane… Contrôler Fenyx est un plaisir.

Reste les combats, qui demeurent dynamiques à défaut de proposer une profondeur de gameplay. Vous pouvez complètement vous contentez de bourriner les touches correspondantes jusqu’à la fin du jeu sans problème. Bien sûr, vous pourrez aussi apprendre de nouvelles compétences et de nouveaux mouvements, mais rien qui ne viennent vraiment révolutionner les joutes sur le long terme.

Mon seul petit regret est que notre avatar ne peut utiliser que deux armes de corps-à-corps. Il s’agit d’une épée (légère) et d’une hache (lourde). Toutes les armes que vous dénicherez ne seront alors que des épées ou des haches. Bien sûr, les statistiques et effets seront différents, mais les changements ne seront que purement esthétique, ce qui est dommage. Le constat est le même pour le bestiaire, qui aurait gagné à s’étoffer un peu plus. Plus de variété aurait été bienvenue, surtout que la mythologie grecque ne manque pas d’idées originales.

En ce qui concerne la direction artistique, celle-ci, colorée et souvent chatoyante, colle bien avec l’univers et avec la légèreté de l’aventure. C’est d’ailleurs parce que la DA est si convaincante dans le cadre de l’histoire que le fait que l’écriture ne suive pas toujours tire (un peu) le titre vers le bas. Pour le reste, l’Île d’Or est belle. Certes, les zones sont bien délimitées au point que l’on peut les nommer des biomes, mais cela s’enchaîne avec suffisamment de cohérence graphique pour ne pas choquer.

La bande-son, quant à elle, reste convaincante et s’insère bien dans la thématique du jeu. On a de l’épique, du léger, du burlesque… Mais d’un point de vue plus global, elle peine à trouver de véritables thèmes musicaux accrocheurs. Toutefois, le travail mérite d’être salué, tant les deux (DA et BO) participent à créer un univers solide et pertinent.

Immortals Fenyx Rising nous offre donc une proposition très intéressante. Certes, il lorgne du côté de Breath of the Wild sur de nombreux points, mais souvent pour en prendre les bonnes idées. L’exploration y est aguichante, la résolution d’énigmes intéressantes (même si un peu redondant sur le long-terme) et le monde ouvert proposé ici est plus restreint que d’autres titres, mais bien peaufiné. Cela a mis le temps, mais il semblerait que les acteurs de l’industrie aient enfin compris qu’un monde ouvert ne doit pas laisser la qualité sur le bord de la route au profit de la taille de la map. Les points faibles du titre, selon moi, résident dans les combats qui manquent de profondeur, dans le manque de diversité des équipements et du bestiaire et, enfin, dans l’écriture qui mériterait d’être plus soignée, avec une meilleure collaboration entre les animateurs et les dialoguistes. Pour le reste, c’est un très bon jeu qui propose une aventure très plaisante à parcourir, et c’est avec hâte que j’attends déjà une suite en compagnie de Fenyx.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

Ecrire un commentaire.