Dans la famille des jeux de plateaux, l’héroic-fantasy a parfaitement su trouver sa place. Et pour cause, le genre n’est pas sans rappeler les premiers JdR Papier à la différence qu’ici, il est possible de jouer seul et avec un peu de matos supplémentaire. Andor, c’est un joli jeu coopératif dans un univers très aguicheur, et qui parvient à maintenir une tension constante au fil des tours. Si vous désirez une expérience solide, que vous aimez les RPG et que vous êtes friands de soirées endiablées : vous êtes probablement au bon endroit !


Cette critique a été réalisée à partir d’un exemplaire offert par l’éditeur IELLO Games !

Âge : 10 ans et + – Durée de jeu : ~ 1h – 1h30 – Joueurs : 2 à 4 joueurs


Il faut prendre Andor tout comme l’on pourrait prendre un nouveau jeu vidéo. On s’installe, on démarre une nouvelle partie, on choisit son personnage et on lance le jeu. Le tout se fait simplement et sans fioriture. Vouloir démarrer vite, Andor le fait très bien, puisque dès le début, il propose un livret de règle très réduit. Ce qui est d’ailleurs étonnant, car les titres de cet acabit n’hésitent pas à assommer les joueurs avec des tonnes de paragraphes. Ici, c’est plutôt appréciable, on s’installe et on joue. En vérité, vous passerez plus de temps à « décliper » les jetons et pions de leurs socles de cartons qu’à lire les règles.

Un énorme plateau prend alors place au centre de votre table. Celui-ci affiche une le très joli décor dans lequel vos aventures prendront place. Plusieurs lieux y sont présents, et un quadrillage numérotée vous permet de vous repérer et d’indiquer vos déplacements. C’est là que vous devez choisir parmi les 4 héros que la boîte propose : l’archer, le nain, le mage ou le guerrier, tous proposant une version masculine et féminine. Chacun d’eux possède des talents particuliers et tous ne se joueront pas vraiment de la même manière en terme de stratégie.

Démarre alors le tutoriel, qui introduit petit à petit les différentes mécaniques du jeu (le déplacement, le combat, les techniques, etc.). Celui-ci prend la forme d’une petite aventure et je dois dire que c’est très agréable de débuter un jeu de plateau de cette façon. Tenez-vous le pour dit : Andor se prend très facilement et très rapidement en main.

L’objectif est de protéger Chaumebourg et son château de l’invasion d’ennemis très dangereux. Vous devrez donc jouer de concert (le jeu est coopératif) avec vos camarades pour repousser l’invasion tout en réalisant les différentes missions qui se dévoileront à vous.

Car oui, la partie se pimente au fur et à mesure du jeu. Les mécaniques sont basées sur un système de journées. Vous réalisez donc vos actions normalement, et lorsque vous les avez épuisées, vous passez au jour suivant. À chaque aube, les choses avancent. Les monstres bougent, de nouvelles cartes de scénario sont tirées et des événements viennent bousculer le jeu.

Il faut donc s’adapter en permanence en lisant soigneusement les cartes scénario et en effectuant les tâches demandées. Un pion « narrateur » fait office de compteur de tour et de déclencheur d’événements. Chaque tour, ou a chaque fois qu’un monstre est tué, il avance d’une case sur son parcours personnel. Il faut faire attention à son positionnement, car s’il arrive au bout de son chemin, la partie est perdue. Vous comprenez donc que tuer du monstre à tout-va n’est pas forcément une stratégie viable, puisque cela peut vite vous mener à votre perte. Eh oui, il faut réfléchir à plusieurs et se partager les tâches : voilà la règle d’or d’Andor (allitération involontaire).

Une fois le scénario achevé, vous prenez de nouvelles cartes et vous poursuivez l’aventure, jusqu’à épuisement du stock. De nouvelles mécaniques viendront fleurir le jeu et c’est ainsi que se dessine la courbe de progression.

En premier lieu, votre héros est positionné sur le plateau (à des cases différentes selon celui choisi). De votre côté, vous possédez un mini-plateau de héros, sur lequel sont inscrits des informations utiles telles que son équipement, ses points de volonté et sa capacité spéciale. Pour le reste, et comme évoqué précédemment, les tours se basent sur un système de journées. C’est-à-dire qu’un pion se place sur une « frise du temps » qui représente les heures, et chaque déplacement ou action consommera une heure.

À la fin de la journée, vous avez deux solutions. Soit vous allez faire dodo et vous passez à la journée suivante (ce qui implique faire avancer l’histoire et les monstres), soit vous décidez de claquer des points de volonté pour acquérir des heures supplémentaires. Ainsi, une journée qui de base fait 7 heures peut monter à 10h au maximum. Mais il vous faudra mesurer le coût de ces décisions, puisque la volonté représentent vos points de vie, et en perdre trop vous fait également perdre des dés d’attaque. La prudence est donc de mise.

Deux paquets de cartes, les « événements » et les « scénario » se chargent de faire progresser l’histoire, au travers des déplacements du pion « narrateur » qui possède son propre trajet. Une fois ces cartes tirées, vous devez exécuter les actions demandées et avec les conditions précisées. Les missions sont quasiment toujours assez tendues, et demandent à l’équipe de faire preuve de communication et de stratégie. Foncer dans le tas et se battre contre tous les monstres vous attirera souvent plus de problèmes que de solutions.

Les joueurs jouent donc alternativement et doivent décider de la marche à suivre. L’un peut se battre contre un monstre tandis que l’autre contourne pour récupérer une lettre cruciale. Plusieurs joueurs peuvent effectuer un combat de groupe pour mettre un puissant ennemi à terre. Un autre peut aussi s’arrêter dépenser ses pièces d’or chez le marchand pour acquérir de l’équipement ou augmenter ses points de force. Bref, il est possible de faire beaucoup de chose, tant que vous parvenez à réussir la mission dans les temps.

Une fois le scénario achevé, vous prenez le tas de cartes suivant et vous poursuivez vos aventures. Régulièrement, de nouveaux rebondissements et pions viendront chambouler vos habitudes et vous forceront à trouver en permanence de nouvelles manières de progresser, de communiquer, de jouer. Le tout est de bien gérer les heures de sa journée avant de se coucher et de faire avancer l’histoire.

Les combats, plutôt nombreux, se résolvent aux dés, et peuvent se révéler de véritables gouffres dans lesquels vos heures tomberont si les dés ne sont pas cléments avec vous. C’est aussi pour cela qu’il faut mesurer la décision d’engager un combat ou non. D’autant que certains mi-boss très énervés ne pardonnent pas, croyez-moi !

D’une manière globale, Andor m’a fait forte impression. Les soirées passées à l’expérimenter ont été mémorables et le groupe avec lequel j’ai pu le tester a découvert ce « jeu de plateau de rôle » avec entrain. L’aventure principale est très plaisante et amène assez de rebondissements et de twists pour générer de la tension et inciter à la communication dans le groupe. Une fois celle-ci faite, un deuxième mode qui se trouve au verso du plateau et qui représente « la mine », permet de jouer des histoires aléatoires et ainsi donner une rejouabilité « infinie » (avec de gros guillemets) au jeu.

Car oui, une fois l’histoire finie, elle est finie. Vous pouvez la rejouer si vous le voulez, mais comme les intrigues seront déjà connues, le plaisir sera forcément moins grand. D’où le concept de la mine qui apporte un peu de fraîcheur et qui permet de continuer à s’amuser avec de nouveaux événements. Cela reste plaisant, mais on ne ressent plus vraiment la même sensation que sur le scénario principal. Il est néanmoins possible d’acquérir des extensions pour prolonger cette expérience, mais je ne peux pas en parler, puisque ne les ayant pas testées. Il convient quand même de vous préciser qu’elles existent.

Conclusion

Andor est un jeu de plateau qui mérite les prix et autres Awards que les professionnels du milieu lui ont attribués. Un univers fantaisiste accrocheur et ses mécaniques ni trop simplistes, ni trop complexes font de lui un jeu dans lequel on prend plaisir à évoluer et à progresser avec son personnage. De plus, son mix avec certaines mécaniques issues du JdR viennent ajouter l’aléatoire des dés et assez de gestion d’équipement pour apporter plus de tensions dans les combats et lors de certaines quêtes. Le deuxième mode, qui permet de rejouer au jeu dans des scénario répétables est bienvenu, même si on sent le tout « en deçà » de l’aventure principale, plus palpitante et plus mémorable. Le côté coopératif est jubilatoire est très bien mis en avant, et il faudra faire preuve d’entraide si vous voulez éviter l’échec. Accessible, simple et avec des mécaniques de combats et de récompenses pertinentes, Andor se destine au plus grand nombre et vous fera passer à coup sûr un bon moment attablé.

Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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