Le studio Sucker Punch (Sly Cooper, Infamous) s’était fait plutôt discret ces dernières années sur la scène vidéoludique. Et pour cause, celui-ci planchait sur un tout nouveau projet (un des plus ambitieux de la carrière du studio) et qui prendrait place dans un Japon féodal. Plus précisément, c’est sur l’île de Tsushima, une des premières à avoir connue les attaques de l’invasion Mongole au XIIème siècle. Aujourd’hui entre nos mains, que vaut ce fameux Ghost of Tsushima, qui nous promet un voyage au cœur d’une guerre qui pose une question cruciale : le respect de l’honneur vaut-il le prix d’une vie ?

Une culture du samouraï bien assimilée !

Le jeu nous place dans la peau de Jin Sakai, dernier de son clan. Ce jeune et fougueux samouraï, élève de son oncle depuis la mort de son père, tient en très haute estime le code d’honneur du samouraï (la voie du Bushidō). Protecteur et garant de la sécurité de l’île de Tsushima, ce dernier va voir sa vie basculer le jour où les Mongols tentent d’envahir l’île en accostant sur la plage de Komoda, qui deviendra alors le théâtre d’une bataille sanglante, laquelle ouvre le jeu.

Jin passera alors à deux doigts de la mort, mais sera fera sauver in extremis par une voleuse du nom de Yuna. Celle-ci possède des méthodes peu conventionnelles, puisqu’une voleuse n’a pas besoin de s’alourdir d’un quelconque code pour survivre. Et c’est précisément là qu’est tout le sel du titre. Pour sauver Tsushima, Jin devra choisir entre un code d’honneur parfois égoïste et inutilement fier, et une voie moins glorieuse, dans les ombres, indigne, mais plus efficace et pouvant parfois sauver plus de vies. Le jeu traite donc de cela : s’émanciper des traditions archaïques pour une cause juste. Saupoudrez d’une touche de vengeance et vous obtenez un cocktail très savoureux.

Il faut savoir que le studio Sucker Punch (et il n’en s’en ait jamais caché), est fan des films de Kurosawa. Preuve en est qu’un mode lui est dédié dans le jeu, vous permettant de parcourir le titre en noir et blanc, avec des saccades et vieux grains sur l’image, rendant le tout très « cinématographique ». Le jeu s’y prête d’ailleurs très bien, car l’esthétique y est travaillée de façon très détaillée et maîtrisée. Le jeu ne fait pas « qu’être beau », non, il a en plus un certain charme pour ne pas dire un charme certain.

C’est donc une réelle invitation dans un autre temps qui nous est offerte ici. Et pour tout dire, le pari est réussi tellement l’immersion est grisante et travaillée. La météo dynamique du jeu est d’ailleurs très réussie, puisque les particules, les feuilles tombantes ou autres effets de lumières et de brouillards participent à faire de la direction artistique un des points fort de Ghost of Tsushima. On s’y croit, on y est, on veut en découvrir plus. Au niveau de l’ambiance, c’est du tout bon. Qu’en est-il alors des autres aspects du jeu ?

Classique, mais bien fait !

En réalité, je pourrais m’arrêter à cette seule phrase : « classique, mais bien fait ». Entendons-nous bien, cela ne signifie pas que le jeu est « mou » ou sans intérêt. Simplement, ce n’est pas lui qui révolutionnera quoi que ce soit. Ne venez pas chercher ici une mécanique particulière, une innovation quelconque ou autre… Ghost of Tsushima ne fait qu’utiliser de vieux codes existants, mais il le fait d’une très belle manière. De plus, il fait preuve d’une maîtrise et d’un acquis assez impressionnants.

L’ATH (l’interface), se veut la plus discrète possible. Le fait d’avoir enlevé la mini-map et de remplacer le suivi d’un objectif par l’observation du sens du vent qui nous guide est une idée fort appréciable. Suivre les oiseaux et autres renards est également plutôt ingénieux. C’est presque dommage d’avoir attendu 2020 pour voir une mécanique intelligente comme celle-là dans un blockbuster. Le système de combat, décliné en postures à adopter, fonctionne aussi très bien. Toutefois, j’aurais préféré un système plus axé sur la technique et un renforcement de la mécanique des duels. Toutefois, si vous désirez plus de réalisme, augmenter la difficulté peut vous immerger encore plus, tant la concentration lors des joutes deviendra primordiale.

Pour le reste, nous avons un jeu qui reste dans un classicisme convenu. Il faut explorer différents points de la carte pour débloquer les voyages rapides correspondants. La progression de Jin se fait selon diverses actions à effectuer. Pour résumer, le jeu vous propose une dizaine « d’actions » différentes (s’entraîner aux bambous, rédiger des haïkus, honorer des sanctuaires, etc.) et se contente de les répéter pour inciter à l’exploration. Cependant, là où cette mécanique de répétition peut lasser très vite dans beaucoup de jeux (coucou, Ubisoft), il faut bien avouer que Ghost of Tsushima le fait… Mieux.

Pour conclure, Ghost of Tsushima a toute sa place sur l’étagère aux côtés des autres belles exclusivités Playstation 4. Un scénario efficace, une mise en scène appliquée et soignée, un système de combat certes simple mais efficace. Oui, le titre ne révolutionne rien, mais prend l’existant et s’en sert correctement. Cela peut paraître stupide, mais ce jeu nous prouve que certaines choses considérées par beaucoup comme « acquises » ne l’étaient en réalité pas du tout. Rédiger des haïkus, participer aux réflexions de Jin, se « prendre » pour un samouraï, poser la manette pour admirer certains paysages bluffant, s’intéresser aux mythes et légendes japonaises… Tout ceci renforce une immersion qui envoûte et donne envie d’en voir toujours plus. Un joli travail du studio qui, je l’espère, fera comprendre à d’autres qu’il vaut mieux faire peu mais faire bien, plutôt que faire beaucoup et mal maîtrisé.


Fiche Technique

Titre : Ghost of Tsushima
Genre : Action / Aventure
Date de sortie : 17/07/2020
Plateforme : PS4

Editeur : Sony
Développeur : Sucker Punch
PEGI : 18 ans
Prix : 69,99€ en moyenne


Auteur

Rédacteur lambda, simplement passionné par le jeu vidéo. J'avais déjà un pad dans le ventre de ma mère et je suis né en avance grâce à un cheat code.

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